Si le maillage de la France en structures douleur garantit, en théorie, une offre de soins
équitable sur l’ensemble du territoire en matière de prise en charge de la douleur chronique, la réalité semble plus nuancée.
En dix ans, le nombre de structures Douleur a pourtant plus que doublé. Au 21 mai 2015, 245 structures (39 % de Centres, 61 % de Consultations) se répartissaient de façon plutôt homogène sur l’ensemble du territoire, selon le Livre Blanc 2014-2015 de la Société Française d’Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD) qui pointe cependant quelques hétérogénéités régionales.
Parmi les régions de métropole les moins dotées, on retrouve la Corse, le Limousin, la Champagne-Ardenne avec, surtout, une inégale répartition nationale des Centres experts. Mais, globalement, « même si le nombre de structures reste insuffisant au regard des besoins, aucun endroit n’est plus déshérité qu’un autre », tempère le Pr Serge Perrot, responsable du Centre d'évaluation et de traitement de la douleur de l'Hôtel-Dieu à Paris et vice-président de la SFETD.
Manque d'outils diagnostiques
Pour autant, si l’offre de soins s’est globalement améliorée, elle reste inégale du fait de disparités entre les structures vis-à-vis des outils diagnostiques, de l’offre thérapeutique, notamment non médicamenteuse, ou même de l’accès à l’éducation thérapeutique. « Il y a là une grande disparité car les centres de la douleur sont souvent rattachés à une structure mère (anesthésie, rhumatologie, neurochirurgie, etc.), explique le Pr Perrot, et les moyens mis à disposition dépendent notamment du rattachement du centre de la douleur à une spécialité particulière. C’est la spécificité de la douleur qui n’est pas considérée comme une spécialité ».
Illustrant des inégalités dans le diagnostic ou le traitement, 19 % des structures dénoncent des difficultés à financer l’acquisition de certains outils diagnostiques (matériels d'exploration quantifiée de la sensibilité, potentiels évoqués laser, échographie…) et thérapeutiques (stimulation magnétique transcrânienne répétitive).
Quant aux approches thérapeutiques non médicamenteuses, leur accès est jugé globalement satisfaisant mais très disparate selon la taille de la structure Douleur. Seules 55 % des structures sont satisfaites de leur accès aux méthodes complémentaires, ce taux chutant à 43 % concernant les thérapies de groupes. Et seuls 38 % des structures se disent satisfaites de l’accès à l’éducation thérapeutique, encore limité.
Les inégalités sociales en santé entrent aussi en ligne de compte dans la prise en charge des patients. Serge Perrot parle d’expérience : « Les inégalités les plus franches sont plutôt du côté de l’accès aux structures Douleur, moins accessibles aux personnes défavorisées qui méconnaissent les rouages du système de soins. Elles sont moins en demande, consultent moins pour la douleur et sont à l’écart du parcours de soins ». Notamment parce que les centres de la douleur sont des centres secondaires voire tertiaires, c’est-à-dire qu’il faut d’abord passer par d’autres structures pour y accéder ou être référé par un médecin pour pouvoir y être reçu. « Un travail en réseau est nécessaire pour un adressage plus systématique de ces personnes vulnérables en centre de la douleur », ajoute le rhumatologue.
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