Urologues, gériatres, gynécologues, etc. Comme chaque année à la même époque, le congrès de la Sifud (Arcachon, 4-6 juin) a permis une approche multidisciplinaire de la pelvi-périnéologie. Avec, cette année, une large place consacrée aux troubles vésicosphinctériens du sujet âgé.
« Ce choix s’explique par la fréquence de ces troubles en population gériatriques, commente le Pr Gérard Amarenco (secrétaire général sortant de la Sifud), mais aussi parce chez le sujet âgé une incontinence urinaire non prise en charge peut être à elle seule un facteur d’isolement majeur voir d’institutionnalisation ».
Par ailleurs, chez la personne âgée un trouble mictionnel – notamment une incontinence – n’est pas forcément lié qu’au vieillissement mais peut être un symptômes d’alerte et révéler une pathologie neurologique ou urologique sous jacente.
Arsenal thérapeutique
Enfin, ces troubles du sujet âgés connaissent depuis quelques années un certain dynamisme en termes de recherche. Avec, à la clé, de plus en plus de données de physiopathologie, la mise à disposition d’outils dévaluation spécifiques comme l’algorythme GRAPPA (voir Le Généraliste n° 2668) et désormais « tout un arsenal de thérapeutiques efficaces à moindre contrainte pour soigner les personnes âgées. » Telles la rééducation du périnée, la neuromodulation physiologique, mais aussi l’arrivée de nouveaux anticholinergiques de mieux en mieux tolérés sur le plan cognitif et systémique.
Concernant les sujets jeunes, les troubles sexuels de la SEP ont aussi largement été abordés lors de ce congrès. À côté des troubles moteurs et sensitifs « classiques » , la SEP peut en effet être responsable de troubles pelvi-périnéaux. « Or si les troubles vesicosphinctériens commencent à être connus des praticiens, les troubles génitosexuels restent méconnus chez la femme de même que les troubles de l’éjaculation chez l’homme », souligne le Pr Amarenco. Pourtant, là encore, des solutions thérapeutiques existent avec notamment «de nouveaux médicaments pour retarder l’éjaculation précoce. »
Névralgies pudendales
Autre pathologie méconnue mise à l’honneur à Arcachon : les névralgies pudendales. Il s’agit « d’un équivalent du syndrome carpien », explique le Pr Amarenco, lié à la compression du nerf éponyme. Le diagnostic doit être évoqué devant des douleurs périnéales (douleur entre les jambes au niveau de l’anus, la vulve ou encore la verge) de type neuropathique. Comme pour le canal carpien, la confirmation se fait grâce à l’EMG et le traitement repose sur des infiltrations voire un geste chirurgical.
Enfin, sans surprise cette 37e édition de la Sifud s’est aussi faite l’écho de la nouvelle AMM du Botox®. Déjà utilisée depuis plusieurs années en intra-vésicale chez le patient neurologique, la toxine botulinique est désormais utilisable dans l’hyperactivité vésicale idiopathique en troisième ligne en cas d’échec de la rééducation et des anticolinergiques. « Une vraie avancée », salue le Pr Amarenco.
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