Alors que les débats liés à la réforme des retraites ont remis sur le devant de la scène la question de la pénibilité au travail, Santé publique France apporte un peu plus de grain à moudre. En effet, le 18 avril, l’instance a publié les données de sa « surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP) pour la période 2012-2018 en France ». Des chiffres qui confirment la dégradation de la santé des travailleurs.
« Depuis 2003, Santé publique France a mis en place, en collaboration avec l’Inspection médicale du travail, un système unique de surveillance des MCP, qui s’appuie sur l’expertise des médecins du travail et leur équipe », rappelle l’agence. Le but : mieux quantifier et décrire les maladies professionnelles – qui restent sous-déclarées.
Forte hausse des maladies professionnelles en général
Ainsi, entre 2012 et 2018, ont été consultés près de 1 400 médecins du travail ayant reçu en consultation, rien qu’en 2018, 40 000 salariés dans le cadre du dispositif.
Conclusion : « une forte augmentation du taux de signalement des MCP est observée entre 2016 et 2018 », déplore Santé publique France. Une hausse plus forte chez les femmes (chez qui l’indicateur a été multiplié par un facteur 1,5) que chez les hommes (facteur 1,4).
Et deux maladies professionnelles arrivent en tête des MCP. À commencer par les troubles musculo-squelettiques (TMS). « Les résultats montrent une augmentation de la prévalence des TMS depuis 2015 », détaille Santé publique France. Et la prévalence de ces troubles apparaît plus importante chez les femmes que chez les hommes – atteignant « 2,8 à 4,4 % selon l’année », précise l’instance. De plus, sans surprise, ces maladies professionnelles continuent de toucher davantage les ouvriers que les cadres. « Les facteurs biomécaniques (mouvements répétitifs, posture, travail avec force) représentent 80 % des agents à l’origine de ces TMS ».
Des facteurs organisationnels, relationnels et éthiques pointés pour la première fois
Autre trouble d’origine professionnelle qui se dégage : la souffrance psychique, qui a augmenté « progressivement entre 2007 et 2018 », jusqu’à atteindre notamment 3,5 à 6,2 % des travailleuses – là encore plus touchées que leurs homologues masculins. Certaines classes d’âge apparaissent particulièrement vulnérables, « la souffrance psychique (étant) particulièrement observée chez les femmes de 35 à 44 ans et chez les hommes de 45 à 54 ans ». Et cette fois, les cadres apparaissent davantage à exposés que les ouvriers – même si cette différence est « à interpréter avec précaution en raison d’une possible sous-déclaration chez les ouvriers », prévient Santé publique France.
Concernant l’analyse des causes de ces troubles professionnels, l’agence s’est penchée pour la première fois sur de nouveaux déterminants de la santé au travail : les « facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (FORE) ». À raison. Car « les « exigences inhérentes de l’activité » étaient associées à un TMS sur deux, le « management » pour un tiers », rapporte Santé publique France. De même, « le management » et « les relations au travail et violences » apparaissaient très liées à la souffrance psychique.
Beaucoup de maladies professionnelles après 45 ans
Quoi qu’il en soit, au-delà des TMS et de la souffrance psychique, les maladies professionnelles apparaissent singulièrement répandues en dernière partie de carrière. « Le fort taux de signalement des MCP observé à partir de 45 ans confirme l’intérêt particulier qui doit être porté aux travailleurs vieillissants et la nécessité d’adapter le travail avec l’avancée en âge », juge Santé publique France.
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