Les doses d’Evusheld (tixagévimab/cilgavimab) peuvent être doublées par rapport aux posologies préconisées dans son autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est ce que confirme le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) dans un récent avis consacré à cette bithérapie d’anticorps anti-SARS-CoV-2 à longue durée d’action indiquée en prophylaxie pré-exposition du Covid-19.
Pour rappel, depuis son autorisation en accès précoce fin 2021, Evusheld était considéré comme efficace à la dose de 300 mg (150 mg de tixagévimab et 150 mg de cilgavimab). Et sa longue durée d'action semblait pouvoir permettre d'espacer les injections de 6 mois.
Cependant, l'arrivée d'Omicron s'est soldée par une réduction de l'efficacité de nombre d'anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2. Ainsi le Ronapreve (casirivimab/imdevimab), premier médicament de ce genre à avoir été autorisé en prophylaxie pré-exposition, n'est-il plus utilisé. Si l'Evusheld semble, lui, avoir en partie conservé son pouvoir neutralisant, l'Institut Pasteur a identifié dès janvier une réduction significative de son activité.
Une activité diminuée face au variant Omicron
Ce mois d'avril, le HCSP précise et confirme cette perte d'efficacité. Selon l'instance, l'activité de l'Evusheld vis-à-vis du sous-variant BA.1 d'Omicron serait « diminuée d'un facteur 26 » par rapport à Delta. Le bilan semble un peu plus rassurant vis-à-vis du sous-variant BA.2, face auquel le recul de l'efficacité de l'Evusheld ne dépasserait pas « un facteur 2,7 ». Mais la durée d'action du médicament pourrait s’avérer plus courte qu’annoncée.
600 mg d'emblée
Face à ces données, le HCSP considère dans son avis que les posologies initiales d'Evusheld ne sont plus suffisantes. « L'efficacité d'Evusheld à la dose de 300 mg est vraisemblablement insuffisante vis-à-vis des variants Omicron. » Ainsi, il recommande, comme l'avait déjà préconisé l’ANSM fin mars, d'augmenter les doses du médicament. Et ce, jusqu'à la posologie de 600 mg par injection, testée chez des patients atteints de Covid-19, sans signal de sécurité. « Il n’y a pas eu de signal de sécurité communiqué par les promoteurs sur les 2 essais cliniques en cours », rassure le HCSP.
En pratique, l'autorité sanitaire recommande d'administrer d'emblée 300 mg de tixagévimab et 300 mg de cilgavimab aux « patients relevant des indications d’Evusheld® et recevant une première dose ». « Pour les patients ayant déjà reçu une injection d’Evusheld®, (le HCSP préconise) l'administration d'une deuxième dose de 300 mg (150 mg de tixagévimab/150 mg de cilgavimab) dans la mesure du possible et, le cas échéant, le plus rapidement possible. »
À noter que le HCSP ne revient pas sur les indications du médicament, réservé aux « patients les plus vulnérables, non ou insuffisamment répondeurs à la vaccination ». « Le 17 mars 2022, la HAS a étendu les indications de la prophylaxie pré-exposition par anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV2 par Evusheld à l’ensemble des patients immunodéprimés non ou faiblement répondeurs à la vaccination, âgés de 12 ans et plus et de plus de 40 kg », rappelle seulement le Haut Conseil.
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