Publiée dans la revue Brain, une étude réalisée par une équipe de médecins du CHU de Toulouse et de chercheurs à l’Inserm, a permis de caractériser l’inflammation de patients dans le coma grâce à une technologie d’imagerie TEP-scan.
L’échantillon est modeste, mais les perspectives immenses. La cohorte de cette étude, pour laquelle l’inclusion s’est échelonnée entre 2018 et 2022, a porté sur dix-sept patients, dont onze dans le coma à la suite d’un accident traumatique, et six après une anoxie. Tous hospitalisés en réanimation au CHU de Toulouse, ils ont passé une imagerie TEP-scan, puis les clichés ont été comparés avec ceux de patients sains.
« C’est une première in vivo qui a permis d’évaluer la présence, la localisation et l’intensité de l’inflammation chez ces patients, explique le Pr Stein Silva en réanimation au CHU, chercheur au sein de l’unité Tonic de l’Inserm et investigateur principal de l’étude. Cela augure d’un véritable changement de paradigme dans la prise en charge du coma et les perspectives de pronostic de récupération des patients. »
Avec son équipe, il s’appuie depuis plusieurs années sur des techniques d’imagerie multimodale pour observer le fonctionnement des neurones dans le cerveau. « Nous savons notamment que la conscience n’est pas localisée dans un endroit précis du cerveau mais qu’elle est distribuée dans un vaste réseau de communication neuronale, indispensable au maintien de l’état conscient, précise la Dr Benjamine Sarton également réanimatrice au CHU et chercheuse au sein de l’université Tonic. Chez les patients sains, ce réseau fonctionne, mais ce n’est plus le cas en situation de coma. Comprendre les raisons de cette absence de communication, c’est le socle même de notre étude. Nous avons fait l’hypothèse que les mécanismes de l’inflammation cérébrale chez nos patients dans le coma pourraient être le coupable idéal. »
Cibler les cellules microgliales
Grâce à de l’imagerie moléculaire, les chercheurs ont donc utilisé un radiotraceur (18F-DPA 714) qui leur a permis de cibler les cellules microgliales. Ces cellules immunitaires résidentes dans le cerveau se modifient dans des conditions inflammatoires et le radiotraceur – fixé sur ces cellules - a permis de mettre l’inflammation en évidence, de la localiser et de mesurer son intensité.
Il apparaît que chez les patients dans le coma à la suite d’une anoxie, l’inflammation très intense est localisée dans des régions clés pour l’état de conscience : les noyaux gris du cerveau (le putamen et le pallidum) ainsi que dans le cortex cingulaire postérieur. A contrario, chez les patients post-traumatiques, l’inflammation est localisée dans le cortex frontal et de manière plus diffuse. « Voilà qui ouvre la voie à des stratégies thérapeutiques, ce qui était inenvisageable tant que l’on n’avait pas identifié ni localisé l’inflammation », avance la Dr Benjamine Sarton.
Autre avancée de cette étude in vivo, « elle a aussi permis de confirmer ce que nous pensions, les patients qui ont le cerveau le plus enflammé sont ceux qui ont le plus mauvais pronostic de réveil. Nous ouvrons des pistes nouvelles de recherche », précise le Pr Silva.
Ainsi l’équipe toulousaine souhaite débuter une étude multicentrique de phase 2 qui permettrait de corréler marqueurs sanguins et cérébraux et d’élargir l’échantillon de patients. « Il s’agirait d’associer les mesures d’images avec des mesures biologiques, afin d’obtenir des marqueurs au lit du patient sans les déplacer jusqu’au TEP-scan. Ceci avant un dernier volet qui permettra de tester des médicaments contre l’inflammation », projette le Pr Silva.
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