En cette année 2014, la tendance en diabétologie a été à la « désinflation » technologique au profit d’une meilleure prise en compte des besoins du patient.
L’auto-surveillance glycémique se simplifie
Dans le diabète de type 1, l’heure est ainsi à la simplification des dispositifs d’autosurveillance glycémique. Trente ans après les premiers auto-piqueurs et lecteurs de glycémie, « il devenait impératif de se souvenir que la technologie doit rester au service du patient et ne pas s’imposer comme un fardeau au quotidien », souligne le Pr Bruno Guerci, service de Diabétologie, Maladies Métaboliques & Nutrition (CHU de Nancy). Après avoir multiplié les données analysables, les possibilités de télétransmission, etc. , les progrès apportés aux dernières générations de lecteurs de glycémie (« partly and fully integrated system ») portent donc davantage sur leur miniaturisation, leur rapidité de rendu du résultat et la réduction du nombre d’étapes (jusqu’à un facteur trois) pour la réalisation d’une glycémie capillaire.
Une autre innovation de l’année, dans cette optique de « liberté » du patient, est la commercialisation de nouveaux appareils d’automesure sans piqûre ni bandelettes. Un petit filament capteur inséré dans le derme mesure en permanence les taux de glucose interstitiels. Les valeurs sont ensuite transmises par scan au lecteur de glycémie. « L’absence de remboursement – pour l’instant – est un frein certain mais qui est loin de décourager les patients selon notre expérience de ces derniers mois », précise le Pr Alfred Penfornis, chef du service de Diabétologie (CH Sud Francilien, Corbeil-Essonnes).
Le pancréas artificiel à portée de main
Un pas de plus pourrait être franchi prochainement avec le pancréas artificiel qui a fait l’objet de nombreuses publications en 2014. L’objectif est de pouvoir proposer au patient un dispositif unique et auto géré associant capteur de glycémie - algorithme -pompe à insuline seule ou associée à une pompe à glucagon. Là encore, après un foisonnement d’étude et de données tous azimuts, parfois difficiles à exploiter par le médecin comme par le patient, l’heure est la simplification. Et à la recherche d’un modèle permettant un usage « en routine » de ces dispositifs.
« Le développement des boucles ouvertes ou fermées de régulation glycémique s’est enfin accéléré et les difficultés se restreignent désormais à la mise au point de l’algorithme de modélisation mathématique, mais les chercheurs sont proches du but », résume le Pr Michel Krempf, chef de service d'Endocrinologie-Maladies métaboliques et nutrition au CHU de Nantes. Une fois cette étape franchie, « cela permettra enfin au patient de retrouver un peu de liberté, sans avoir besoin d’anticiper sur son exercice physique ni sur son alimentation, tout en améliorant l’équilibre glycémique mais sans majoration du risque hypoglycémique ».
Vers l’individualisation thérapeutique
Dans le diabète de type 2, la multiplication des antidiabétiques oraux laisse espérer une meilleure prise en compte des spécificités des patients. En 2014, l’empagliflozine a été le troisième représentant de la nouvelle classe des antidiabétiques inhibiteurs du cotransporteur rénal sodium-glucose de type 2 (SGLT2) à recevoir l’AMM européenne après la dapagliflozine et la canagliflozine. « Ces gliflozines diminuent la glycémie dans les mêmes proportions que les autres antidiabétiques oraux par leur effet glycodiurétique, un mécanisme d’action nouveau et complémentaire de tous ceux connus », explique le Pr Krempf. Avec la commercialisation prochaine des SGLT2, mais aussi le plébiscite cette année des prescripteurs en faveur des inhibiteurs de la DPP-4 du fait de leur confort d’utilisation (pas d’hypoglycémies ni de prise pondérale) pour une efficacité jugée suffisante, deux enjeux apparaissent prégnants dans le diabète de type 2 : l’individualisation en fonction d’une description phénotypique plus précise des sous-catégories de patients diabétiques de type 2 et l’amélioration de la compliance.
Bientôt, des analogues du GLP1 hebdomadaires
Cette dernière passera par la simplification de la pharmacopée existante, en prenant exemple sur les analogues du GLP1 en injection hebdomadaire (albiglutide, dulaglutide, semaglutide). Pour le Pr Michel Krempf « ceux-ci seront un véritable plus pour les patients dans la gestion de leur diabète ». Plusieurs études présentées en 2014 ont validé l’efficacité de ces traitements. Une des dernières en date, l’étude AWARD-6 a validé la non-infériorité du dulaglutide, en traitement hebdomadaire comparé au liraglutide quotidien chez des diabétiques de type 2 sous metformine.
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