L'OMS élabore une stratégie contre le mpox, la lutte contre les inégalités en ligne de mire

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Publié le 30/06/2023
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Crédit photo : AFP

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) élabore une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le mpox. « La particularité de cette épidémie, c'est que nous avions tous les outils très rapidement pour le diagnostic, le traitement et même un vaccin, se souvient la directrice technique de la réponse mondiale à l'OMS contre le monkeypox, Rosamund Lewis, lors d'un webinar ce 28 juin. Mais le problème est que tous les pays n'y avaient pas accès. Et même au sein de chaque pays, il y avait des discriminations sexuelles ou ethniques. » Ainsi, aux États-Unis, un homme noir appartenant à la communauté à risque des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) avait d'avantage de risque qu'un blanc de ne pas avoir accès au vaccin.

Des inégalités d'accès révélés par la pandémie

Aussi, l'accent sera mis sur l’équité d'accès aux traitements et aux technologies, le respect des droits humains et le refus de la stigmatisation. « Nous avons découvert que le monde est très vulnérable aux épidémies de maladies infectieuses, analyse la Dr Sylvie Briand, directrice à l'OMS et spécialiste de risques infectieux. D'ici à la prochaine pandémie, nous devons nous être attaqués à ces problèmes d'inégalité. »

Cela passe notamment par « une augmentation des capacités d'évaluation et une accélération des étapes réglementaires qui se dressent devant l'accès au traitement, ajoute-t-elle. Il faut aussi s'assurer que l'on dispose de mécanismes pour fixer les prix et transférer des technologies de manière à obtenir des prix accessibles. »

Dans les orientations stratégiques adoptées lors de la 4e réunion du comité d'urgence de l'OMS, et qui doivent servir de lignes directrices à la future stratégie, figure la nécessité de maintenir une surveillance épidémiologique et l'intégration du mpox dans les programmes de détection et de surveillance des infections sexuellement transmissibles (IST), comme les plans de lutte contre le VIH et les hépatites.

Le risque de stigmatisation

La question de l'assimilation du mpox à une maladie sexuellement transmissible fait débat au sein du groupe d'experts de l'OMS, comme l'explique Andrew Seale, coresponsable du programme mondial de lutte contre le VIH, les hépatites et autres IST : « Il ne faut pas cacher que la majorité des cas sont transmis lors de rapports sexuels, reconnaît-il. Mais présenter cela comme une IST est assez stigmatisant, il ne faut pas oublier les autres modes de transmission dans la communication. »

Si l'épidémie est globalement sur le déclin, le virus continue de circuler activement dans plusieurs pays. Selon les chiffres actualisés par l'OMS ce 27 juin, 112 pays ont rapporté un total de plus de 88 000 cas, dont 147 morts, depuis le premier janvier 2022. Depuis le 13 mai dernier, la majorité des cas sont rapportés par des pays qui n'avaient jamais connu de cas auparavant.

L'OMS a établi un niveau de risque pour chacune de ses régions : modéré dans la région Europe, Afrique, Méditerranée de l'Est et Amériques, et faible dans les régions d'Asie du Sud-Est et de l'ouest du Pacifique. Depuis le 10 mai dernier, l'épidémie de mpox n'est plus une urgence de portée mondiale. Lors du webinar, il a été proposé d'adopter pour le mpox la même politique que pour la rougeole : un pays garde son statut d'élimination du virus tant que le nombre de cas importés reste inférieur à trois. « Il s'agit d'une maladie infectieuse, mais nous prenons en compte qu'elle ne se transmet pas si bien que ça », argumente Rosamund Lewis.

Les experts ont défini quatre contextes épidémiques : les zones rapportant des cas sporadiques avec une transmission principalement dans la communauté des HSH ; les zones où la transmission est mixte (contact au sein d'un même foyer ou lors de relations sexuelles) chez des hommes, des femmes et des enfants ; les zones où des épidémies ont lieu périodiquement dans les régions rurales ; et enfin les zones où il n'y a pas de cas rapportés en dehors de cas importés. « Chaque pays doit connaître son épidémie, quelles sont les personnes infectées et quelles sont les voies de transmission pour savoir quelles mesures mettre en place », explique Rosamund Lewis.


Source : lequotidiendumedecin.fr