« De 5 cas en 2004, à plus de 20 cas en 2014, le syndrome du choc toxique (SCT) reste rare mais son augmentation inquiète les scientifiques ». Dans un communiqué publié hier, le centre national de référence des staphylocoques (CNR staphylocoques) alerte sur la recrudescence de ce syndrome potentiellement mortel qui touche certaines femmes utilisant des dispositifs intra-vaginaux (tampons mais aussi cupules) pendant leurs règles.
Identifié au début des années 1980, le SCT est dû à une entérotoxine (TSST-1) produite par des souches particulières de staphylocoques présentes au niveau vaginal chez environ 1% des femmes. Chez ces femmes, le port prolongé du tampon (ou de la cupule) favorise la stagnation du flux menstruel qui constitue alors un milieu de culture optimal pour le développement de la bactérie. Avec à la clef une production accrue de toxines.
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Après le retrait du marché des tampons en polyacrylamide, particulièrement pourvoyeurs de SCT, la maladie avait quasiment disparu au début des années 1990 et le problème semblait réglé. Mais depuis une quinzaine d’années le phénomène semble reparti à la hausse. Même si le nombre de cas recensés reste très faible (voir graphique), « nous avons clairement l’impression qu’il se passe quelque chose » analyse le Pr Gérard Lina, médecin du CNR staphylocoques en charge de la surveillance de cette pathologie.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette évolution, comme de nouveaux changements dans la composition des tampons, des modifications de la flore vaginale, une diminution de l’immunité des femmes vis-à-vis du staphylocoque incriminé ou plus simplement une démocratisation du port de tampon allant de pair avec un mésusage (port prolongé) accru.
Pour y voir plus clair, le Pr Lina lance tout un ensemble de recherches qui commence dès aujourd’hui avec une grande collecte de tampons*. « Pour mieux comprendre la maladie, la recherche a besoin d’échantillons », explique le CNR. Les scientifiques souhaitent par ailleurs sensibiliser les femmes au bon usage des tampons et cupules et aux dangers potentiels d’un port trop prolongé.
Ils rappellent enfin les signes qui doivent donner l’alerte. Fièvre soudaine, vomissements, sensation de malaise avec céphalée, diarrhée, érythrodermie : « au début les symptômes peuvent faire penser à une virose » souligne le Pr Lina. Au moindre doute le réflexe doit être l’ablation du tampon et la consultation en urgence.
*Pour participer à la collecte et recevoir un kit de prélèvement, les femmes intéressées peuvent écrire à gerard.lina@univ-lyon1.fr
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