Pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) n’ayant pas eu de réponse sérologique au vaccin contre le virus de l’hépatite B (VHB) « conventionnel » adjuvanté par des sels d’aluminium (HepB-Alum), une alternative thérapeutique se précise. Un enjeu de taille alors que l’hépatite B chronique, malgré les vaccins et traitements disponibles, touche plus de 254 millions de personnes ; en 2022, l’Organisation mondiale de la santé déplore 1,2 million de nouvelles infections.
L’essai clinique international de phase 3 BeeHive, rassemblant 561 PVVIH sous thérapie antirétrovirale et non-répondants au vaccin « conventionnel », a comparé la réponse immunitaire de 3 doses d’un vaccin HepB-Alum à 2 et 3 doses d’un vaccin adjuvanté par la cytosine phosphoguanine (HepB-CpG).
Une séroprotection obtenue plus rapidement
Les résultats, publiés dans le Jama, font état d’une supériorité significative du vaccin HepB-CpG à deux (administrées à 0 et 4 semaines) ou trois doses (administrées à 0, 4 et 24 semaines). La séroprotection était atteinte pour 93,1 % des personnes avec un schéma à deux doses et 99,4 % à trois doses (titrage d’anticorps à 12 et 28 semaines respectivement). Pour les personnes ayant reçu 3 doses du vaccin HepB-Alum, seuls 80,6 % ont eu une réponse immunitaire suffisante.
Non seulement la séroprotection est supérieure avec deux ou trois doses de vaccin HepB-CpG, mais elle arrive aussi plus rapidement en des proportions plus forte : à 12 semaines pour plus de 90 % des patients contre un peu plus de 60 % avec le vaccin HepB-Alum. Un résultat d’intérêt puisque les PVVIH utilisent de moins en moins des thérapies antirétrovirales contenant du ténofovir, qui a une activité antivirale contre le VHB.
Vérifier la réponse immunitaire à long terme
Dans un éditorial publié dans le Jama, Ivan Hung, infectiologue à Hong-Kong et Anna S. Lok, hépatologue à l’université du Michigan, rappellent que la réponse immunitaire figure parmi les principaux obstacles à la réduction de l’incidence des infections au virus de l’hépatite B. « Les vaccins ont une efficacité suboptimale chez les personnes diabétiques, obèses, fumeuses et immunodéprimées (VIH, maladie rénale chronique…) ». Ainsi, une séroprotection complète et rapide serait particulièrement bénéfique dans d’autres populations que les PVVIH.
Les auteurs de l’éditorial nuancent tout de même : l’essai a évalué la réponse immunitaire à court terme, il faut donc étudier à plus long terme son évolution pour confirmer l’intérêt de ce vaccin. Ils ajoutent : « même si le vaccin HepB-CpG est plus immunogène, un petit pourcentage de patients immunodéprimés ne parvient pas à atteindre une séroprotection. Il faut maintenir des efforts pour explorer d’autres stratégies comme les modes d’administration ou la combinaison de nouveaux adjuvants avec plusieurs antigènes du VHB ».
En France, les vaccins disponibles sont adjuvantés par des sels d’aluminium, mais l’Agence européenne des médicaments a rendu un avis favorable à la commercialisation du vaccin HepB-CpG Heplisav-B (du laboratoire Dynavax) le 10 décembre 2020.
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