En matière de gastro-entérite, la nouveauté pourrait venir cette année de la vaccination anti-
rotavirus. Le débat sur l’introduction dans le calendrier vaccinal des deux vaccins commercialisés, qui dure depuis 2006, devrait en effet être tranché avant la fin de l’année par le HCSP. Personne ne conteste la protection contre les infections à rotavirus conférée par ces vaccins (Rotarix®, Rotateq®), comprise entre 84 à 96% pour les formes sévères chez les nourrissons à partir de six semaines. Dans les pays industrialisés, les infections à rotavirus représentent 15 à 50 % des cas de gastro-entérites. En France, elles causeraient près de 300 000 épisodes annuels de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de cinq ans et une dizaine de décès.« Chaque année, les infections à rotavirus sont l’occasion d’une désorganisation de la pédiatrie hospitalière et le vaccin permet d’éviter bien des hospitalisations et des consultations d’urgence », souligne le Pr Daniel Floret, président du CTV (Comité Technique des Vaccinations). La recommandation de la vaccination éviterait jusqu’à 90% des hospitalisations pour gastro-entérites à rotavirus, estimées à 18 000 chaque année.
L’écueil du prix
En 2008, le premier des deux avis négatifs du HCSP reposait sur le fait qu’il existe un moyen sous-utilisé, en l’occurrence le soluté de réhydratation oral, afin d’éviter les formes graves, c'est-à-dire les états de déshydratation et les hospitalisations. En 2010, le second avis du HCSP était lui aussi négatif puisqu’on découvrait alors que les deux formules vaccinales étaient contaminées par un virus porcin, sans pour autant entraîner un quelconque problème de tolérance ou d’efficacité. Ce risque de contamination semble néanmoins persister, notamment pour l’un d’entre eux, selon l’EMEA. L’autre souci, qui n’est pas non plus totalement éliminé à l’heure actuelle, est celui du risque accru d’invaginations intestinales liées à l'utilisation du vaccin. Ce même constat avait entraîné en 2000 l’arrêt de la commercialisation du premier vaccin anti-rotavirus, le Rotashield® (non commercialisé en Europe). « Ce risque reste faible, de l’ordre de quelques cas d’invagination par an en France avec les vaccins actuels », précise Daniel Floret. Quant au rapport coût-bénéfice, il n’était pas jusqu’à présent en faveur d’une vaccination généralisée remboursée. La situation est en court de réévaluation, intégrant les données actualisées sur l’incidence des invaginations et la sécurité du vaccin en général. Reste que le coût n’a pas varié, de l’ordre de 150 euros pour 2 ou 3 doses en fonction du vaccin.
Jusqu’à cette année, la situation en Europe était gelée et seuls la Finlande, la Belgique, le Luxembourg et l’Autriche avaient adopté la vaccination systématique des nourrissons comme recommandé en 2009 par l’OMS. Cette année, la Grande-Bretagne a pu passer l’obstacle médico-économique en obtenant des laboratoires la baisse du coût du vaccin, rendant ainsi coût/efficace la vaccination à large échelle contre le rotavirus. La France franchira-telle le pas elle aussi?
Dans tous les cas, les mesures barrières restent essentielles pour contrer les gastro-entérites. Laver systématiquement les mains, nettoyer les surfaces souillées, utiliser les solutions hydro-alcooliques, éviter tout contact avec des personnes saines quand on se sait infecté… Autant de mesures qui ont démontré leur efficacité mais qui sont souvent difficiles à appliquer – notamment en milieu hospitalier – du fait de la forte proportion de porteurs asymptomatiques.
Les SROS plus que jamais incontournables
En « prévention secondaire », l’utilisation des solutés de réhydratation orale (SRO) de composition glycoélectrolytique a fait la preuve de son efficacité dans la gastro-entérite aigüe du nourrisson et permet d’éviter les formes compliquées. Ce traitement vise à éviter la déshydratation induite par les diarrhées par une réhydratation précoce. Or l’emploi de ces SRO est très insuffisant en France. « Ce n’est pas une mesure barrière mais une mesure thérapeutique qui évite la complication majeur de la gastro-entérite : la déshydratation, insiste Daniel Floret. En 2007, alors que la plupart des ordonnances comportaient plusieurs médicaments, le SRO n’était prescrit que dans moins de 50% des cas ! Depuis, leur utilisation progresse, aux alentours de 75% ». Le SRO est bien pris chez les nourrissons qui ont soif, c'est-à-dire qui ont déjà un début de déshydratation. « En pratique, poursuit-il, il doit être proposé très rapidement devant toute diarrhée significative (selles liquides, abondantes, répétées), en sachant que si l’enfant ne le prend pas, c’est en général parce qu’il n’est pas déshydraté. » Son utilisation peut être difficile – voire impossible – lorsque les vomissements sont importants.
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