Infection à VIH et emploi

L'insertion professionnelle reste difficile

Publié le 19/02/2009

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SE PROJETER dans l’avenir, repenser à une activité professionnelle, source de revenus et d’épanouissement personnel... Un objectif que les personnes séropositives peuvent aujourd'hui plus facilement atteindre grâce aux progrès thérapeutiques, notamment avec l’arrivée des trithérapies à la fin des années 1990.

Pourtant, les représentations de la maladie changent très peu : la discrimination entrave le retour à l’emploi ; 50 % des personnes qui annoncent leur séropositivité sur le lieu de travail perdent leur emploi dans les six mois qui suivent. Une situation inacceptable pour Sidaction. De fait, l'association se bat pour faire évoluer le regard de la société sur le sida. Elle mobilise les employeurs, les employés et les personnes concernées par le VIH. Avec un objectif ambitieux : faire émerger, comprendre et mieux accepter les contraintes et les attentes de chacun.

Identifier les peurs.

En partenariat avec le centre des jeunes dirigeants d’entreprises, Sidaction présente ainsi un film sur la problématique du VIH liée à l'emploi. Intitulé « DRH & HIV »* et réalisé par Antoine Tracou, il met en scène des personnes séropositives lors d’entretiens de recrutement fictifs. Des chefs d’entreprises, des employés, des personnes séropositives ont élaboré et mis en scène des petites histoires et situations autour du sida au travail. Elles ont été jouées lors de deux représentations de « théâtre forum » : une forme de débat théâtral interactif invitant le public à monter sur scène pour en modifier le cours.

Ce film met en exergue un des objectifs de la mission emploi de Sidaction : confronter les freins à l’embauche, les craintes des employeurs et la gestion du secret des personnes séropositives dans leurs recherches d’emploi. « À travers cette expérience, on souhaitait tenter d’identifier les peurs liées au travail des personnes séropositives : peur de la différence, d’être contaminé… Ce sont souvent les peurs irrationnelles qui bloquent toute rencontre entre les séropositifs et les employeurs. Ou qui rendent difficile l’échange autour du VIH. On a connu le même problème avec le cancer il y a quelque temps. Aujourd’hui, on se rend compte que ça avance. Il va falloir faire le même chemin avec le sida », affirme Nathalie Pierret, chargée de la mission emploi de Sidaction.

Pour les personnes séropositives et/ ou touchées par une hépatite C, les problèmes rencontrés dans la vie professionnelle et dans la recherche d'emploi restent trop nombreux. C'est ce que révèle l'enquête « Vivre et travailler avec une maladie chronique (VIH-VHC) » **. « La santé vulnérable accroît la précarité sanitaire mais aussi professionnelle et sociale. Cette précarité se manifeste par de nombreux changements concernant la question de l'activité de travail et pas seulement celle de l'emploi. La question est bien celle du travail comme activité (…). Que fait-on au travail ? Que cherche-t-on à faire pour construire la compatibilité entre exigences du travail et exigences de la préservation de soi, de sa santé ? ». Autant de questions qui méritent des rencontres et des débats réunissant les personnes séropositives, les employeurs, les associations et le corps médical.

* Le film « DRH & HIV » peut être obtenu auprès de Sidaction : www.sidaction.org, tél. 01.53.26.45.55.

** Lhuilier D., Amado S., Brugeilles F. et Rolland D., « Vivre et travailler avec une maladie chronique (VIH-VHC) », « Nouvelle revue de psychologie », 2007/2, N°4, P. 123-141. L'étude (fondée sur 68 entretiens répétés) a été menée, pendant deux ans, auprès d’une population séropositive et/ou touchée par une hépatite C.

HÉLIA HAKIMI