« LES CONNAISSANCES PRATIQUES et théoriques font partie intégrante des obligations de formation de tout médecin et la dermatologie esthétique n’échappe pas à cette règle. La dermatologie esthétique ne peut se concevoir sans une connaissance globale de la peau, de son anatomie, de sa physiologie, des pathologies cutanées, des thérapeutiques spécifiques et de leurs effets secondaires et c’est pour cela que les dermatologues sont les professionnels les plus compétents pour faire ce type d’actes », explique le Pr Marie-Sylvie Doutre, ancienne présidente du CEDEF et chef du service de dermatologie du CHU de Bordeaux.
Depuis quelques années, les instances de la dermatologie ont constaté, avec une certaine inquiétude, le développement très important des actes de médecine esthétique pratiqués par des généralistes. À l’évidence, il existe une demande croissante. « Nos préoccupations principales sont la qualité des soins et la sécurité des personnes qui ont recours à la médecine esthétique, cela implique la compétence des médecins qui interviennent dans ce domaine » indique le Pr Doutre, en insistant sur la nécessité d’avoir une approche globale de la peau pour pratiquer ces actes. Il faut aussi savoir adapter les traitements à chaque visage, à chaque patient, car tous sont différents, et ne pas appliquer des recettes standard.
Comme le souligne le Pr Doutre, « il ne faut pas que les patients prennent le risque qu’un mélanome de Dubreuilh soit traité comme de "banals" lentigos actiniques ». De même, la maîtrise du geste technique ne suffit pas. « Il est toujours possible d’injecter de la toxine botulique pour traiter des rides du front, mais si on ne connaît pas parfaitement l’anatomie des muscles peauciers à ce niveau, cela peut conduire à des effets secondaires sérieux. Si l’on fait une injection de toxine botulique dans une zone inappropriée où il y a un risque de diffusion vers le muscle releveur de la paupière, le patient risque d’avoir un ptôsis, très affichant, pendant 3 ou 4 mois, le temps que l’effet de la toxine disparaisse. Ce ne sont que des exemples pour souligner que la réalisation de ces différents traitements nécessite de la pratique, mais également des connaissances de "l’organe peau" que les dermatologues ont acquises pendant tout leur cursus et qui ne peuvent l’être en quelques heures ou quelques jours de formation », estime le Pr Doutre.
Une voix commune.
En janvier dernier, dans un communiqué de presse diffusé en pleine actualité autour des prothèses mammaires, le Conseil de coordination de la dermatologie (CCD), associant la Société française de dermatologie, le Syndicat national des dermatologues et vénéréologues, la Fédération française de formation continue et d’évaluation des pratiques en dermatologie et le Collège des enseignants de dermatologie de France, a rappelé que les dermatologues souhaitent depuis longtemps qu’une réglementation stricte émanant des autorités de santé soit mise en place pour évaluer l’efficacité et l’innocuité à long terme des dispositifs médicaux. Le CCD souligne aussi, dans ce communiqué, que l’ensemble des dermatologues « recommandent que les actes esthétiques et en particulier les injections de produits de comblement soient réalisés par des médecins qualifiés. Le rapport bénéfice/risque de ces actes doit être évalué et une information claire et détaillée doit être donnée ».
D’après un entretien avec le Pr Marie-Sylvie Doutre, ancienne présidente du Collège des enseignants de dermatologie de France (CEDEF), chef du service de dermatologie du CHU de Bordeaux.
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