LORSQUE Roselyne Bachelot prend ses fonctions avenue de Ségur, tous les leaders libéraux se disent ouverts au dialogue. « Elle connaît bien le milieu, c’est un atout », souligne le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, qui loue une femme « sympa, ouverte, qui a les qualités requises, une vraie libérale ». Le Dr Dino Cabrera (alors président du SML) n’a « aucun a priori négatif ». D’autres responsables, enthousiastes, apprécient son courage, son caractère iconoclaste, son expérience. « Madame Bachelot a le cœur gros comme ça, elle est sympathique et a son franc-parler », juge Jean-Claude Régi (FMF). « Elle a la réputation de savoir écouter », ajoute Espace Généraliste.
Roselyne Bachelot est chargée par l’Élysée d’un « deal » politique avec les médecins libéraux : en échange du C à 23 euros (principalement), la ministre doit obtenir un accord de régulation des dépassements d’honoraires et des mesures efficaces contre la désertification. Ces deux objectifs vont structurer (et compliquer) tous les rendez-vous avec la médecine libérale.
Dans un premier temps, Roselyne Bachelot a le vent en poupe. Fin 2007, elle convainc MG-France et la FMF de revenir dans le jeu conventionnel à la faveur d’un avenant sur la PDS – signé par tous les syndicats. Ce sera le dernier moment d’œcuménisme. Dès 2008, tout se grippe avec la longue parenthèse peu productive des états généraux (organisés pour répondre aux inquiétudes des jeunes médecins sur la liberté d’installation) et le blocage conventionnel total assorti de gel tarifaire (le gouvernement reproche aux médecins ne pas avoir tenu leurs engagements de maîtrise médicalisée).
Deux épisodes vont creuser le fossé entre le gouvernement et la médecine de ville : d’une part la stratégie vaccinale du ministère de la Santé contre la grippe A (H1N1), qui exaspère les généralistes (voir encadré) ; d’autre part la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), dont le versant ambulatoire, aux yeux d’une partie de la profession, marque l’« étatisation » du système de soins. En outre, deux mesures maladroites (suspendues récemment), à savoir la déclaration obligatoire de congés et le contrat santé solidarité sous peine de taxe, braquent le corps médical. La CSMF fait campagne pendant des mois contre une loi « anti-médecins ». Et les syndicats qui soutenaient initialement la loi le font du bout des lèvres. Finalement, ni le dossier « démographie », ni le dossier « dépassements » n’ont trouvé de solution opérationnelle. Si la CNAM a arraché un accord sur le secteur optionnel (octobre 2009), il n’a jamais été appliqué, Roselyne Bachelot jugeant le texte insuffisant.
En 2010, sur fond de guérilla tarifaire, l’Élysée, conscient du risque politique d’une fracture avec le corps médical, a repris en main le dossier de la médecine libérale. Nicolas Sarkozy a multiplié les signaux à la profession, se chargeant d’annoncer le C à 23 euros et le C = CS pour 2011. Et il a confié une mission sur la médecine de proximité à Élisabeth Hubert (son rapport est toujours attendu). Mais aux élections professionnelles, le front CSMF/SML « anti-Bachelot » s’est imposé.
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