IL Y A D’ABORD « Monsieur Max » qui a bien du mal à comprendre l’enjeu de sa surveillance glycémique. Et puis, « Madame Polichinelle », très contente d’avoir désormais sous la main un semainier pour l’aider à suivre sérieusement son traitement ... mais qui a supprimé sa prise du midi sur les conseils de son pharmacien. « Monsieur Dujardin », lui, prend peur quand il découvre qu’il est un candidat potentiel à l’AVC et que l’accident vasculaire pourrait bien arriver lorsqu’il est au volant de son camion. Quant à « Madame Briguela », c’est une patiente en permanence d’accord. D’accord ... mais pas du tout impliquée dans la prise en charge de sa santé. Au milieu de ces personnages fictifs mais très inspirés de l’expérience de Françoise Annezo, infirmière, vingt en libéral et dix ans comme coordinatrice du réseau diabète d’Ille-et-Vilaine, et comédienne, la pauvre « Madame Chantal ». Une infirmière déstabilisée face à des patients peu ou pas coopérants. Esseulée même, comme quand le « Docteur Champion », médecin de famille de « Madame Polichinelle », lui téléphone et se défausse complètement du suivi de sa patiente : « Mme Chantal, j’en ai 30 dans la salle d’attente, 30 en visites et j’ai une réunion à l’ordre ce soir ... Je vous laisse. Vous êtes ma dernière cartouche ! »
Derrière leurs masques en cuir, se cachent deux comédiennes - une infirmière et une professionnelle spécialisées dans ce type d’interprétation. À travers ces quatre saynètes, elles ont réussi à interpeller près de trente personnes : médecins généralistes, pharmaciens, diététiciennes et infirmières. « Quelles impasses relationnelles pouvez-vous pointer dans chacune de ces histoires ? », a interrogé l’animatrice de cette sixième session organisée par le CHEM autour de la sensibilisation à l’éducation thérapeutique. Globalement, les participants ont tout de suite tendance à juger les patients. Pour les uns, par exemple, « Madame Polichinelle est une hystérique ». Pour les autres, « si on n’est pas capable de prendre au sérieux les recommandations faites par le médecin pour sa santé, mieux vaut ne pas aller voir le médecin. Pas de double jeu ! ». Concernant le rôle du professionnel ici mis en scène, les regards sont ambigus. L’un constate que l’infirmière n’est pas dévalorisante avec sa patiente, mais qu’elle n’est pas non plus valorisante. « Sans doute, est-elle dans ce rôle de gendarme », remarque un médecin. Une fonction revendiquée même par un autre médecin participant : « beaucoup de mes patients disent qu’ils ont besoin d’un gendarme pour avoir à rendre des comptes et pour se sentir obligé… »
Identifier les obstacles.
Les participants ont à plusieurs reprises exprimé cette position forcément inconfortable du professionnel qui souhaite, naturellement pourrait-on dire, que le patient s’implique dans sa santé, mais qui se rend compte que la seule définition d’objectifs de soins ne signifie pas adhésion. Devoir de soigner versus « prise de distance », selon Françoise Annezo. « Quand on voit qu’environ 50 % des malades chroniques ne sont pas observants et que de ce fait, ils démultiplient les risques de complication, on peut estimer à juste titre que la position du professionnel de santé n’est pas simple, souligne cette infirmière aujourd’hui salariée de l’Association française pour le développement de l’éducation thérapeutique (AFDET). Mais, on peut aussi retenir que le choix de ne pas se soigner correctement cache quelque chose. Chercher ensemble et identifier les obstacles permettent une meilleure adhésion. Très souvent, les patients qui ne nous disent pas qu’ils ne prennent pas leur traitement ne nous mentent pas. »
Dans ce sens, l’expérience racontée par une jeune médecin est intéressante : « À force de discussion avec un de mes patients, j’ai appris qu’il ne prenait pas son traitement le midi. Il est ouvrier et travaille à cette heure. Il ne mange donc pas. Il a fallu des mois pour qu’on en arrive là. J’ai adapté le traitement pour supprimer cette prise du midi, simplement grâce au fait que je lui ai posé la question. »
(1) Voir « le Quotidien » du 1er décembre 2009.
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