LA PRÉVENTION du suicide est indispensable, particulièrement en ces temps de crise économique et sociale. Et possible, à condition de s’en donner les moyens disent les auteurs. Des projets ont été élaborés mais imparfaits et peu subventionnés : « plan national de lutte contre le suicide » en 2011, qui a eu peine à se concrétiser et qui ne prenait aucunement en compte la réalité économique et sociale qui entoure le désir de mettre fin à ses jours, ignorant le contexte du suicide pour se concentrer sur l’acte lui-même. Élaborer une politique de prévention du suicide, véritable fait social, passe aussi en effet par une analyse de ses facteurs de risque. Vouloir se concentrer uniquement sur la lutte contre le suicide, le « combattre », dans une stratégie proche de l’évitement, est une « impasse proche de la stigmatisation », expliquent sans ambages le Pr Michel Debout, professeur de médecine légale et de droit de la santé avec le journaliste Gérard Clavairoly. Depuis une vingtaine d’années, de nombreux experts appellent à la création d’un Observatoire national du suicide destiné à développer l’analyse de tous les aspects du phénomène. Cette instance indépendante, dotée d’un budget autonome, aurait pour mission de connaître les personnes suicidées, leur histoire de vie et de santé mais aussi les personnes suicidantes, à partir des dossiers des services d’urgence.
Informer et alerter.
Un réseau de médecins « sentinelles », constitué entre autres de médecins légistes et d’urgentistes, pourrait, à l’instar de ce qui se fait dans les épidémies, tout à la fois informer et alerter les pouvoirs publics et fédérer leurs connaissances. En effet, soulignent M Debout et G Clavairoly, mieux comprendre ce phénomène dérangeant qu’est le suicide passe par la connaissance de la réalité des idées (difficile à évaluer), des tentatives (120 000 recensées en France chaque année), de la mort par suicide (entre 10 000 et 12 000 par an) mais aussi par la prise en compte de l’entourage (environ 15 personnes gravement et durablement meurtries par sujet suicidé). Le prévenir revient donc à proposer des mesures individuelles (soins psychosociaux) mais aussi à prendre des mesures d’ensemble qu’il s’agisse de la politique de santé au travail, à l’école, dans les maisons de retraite, en prison ou des moyens préventifs en ville. « La France n’a pas de véritable culture politique de la prévention sanitaire. Concernant le suicide, le constat est flagrant », déplorent les auteurs. Pourtant en évitant manichéisme et sectarisme, prévention primaire et évaluation de la crise suicidaire devraient s’améliorer dans notre pays, en retard sur ce sujet. Les auteurs appellent de leurs vœux la mise en place d’une mission interministérielle de prévention du suicide permettant d’assurer la cohérence des politiques publiques. Preuve que le sujet concerne la société toute entière.
Pr Michel Debout, Gérard Clavairoly, Le suicide, un tabou français, Éditions Pascal, Mutualité française, 14,20 euros,190 pages
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