Le Généraliste. Quel est votre message concernant les cancers de la vessie et de la prostate ?
Dr Morgan Rouprêt. Le médecin généraliste doit probablement mieux orienter son interrogatoire. Nous pensions à tort que la plupart des cancers étaient sporadiques. Or, la part des formes familiales de cancer est estimée aujourd’hui à 10% voire peut-être même 20 ou 25% dans certaines études épidémiologiques ! L’interrogatoire plus ciblé permet de repérer des familles à risque pour une prévention et un dépistage non pas pour le patient mais pour le cercle familial. Il s’agit de demander au patient la nature de ses antécédents carcinologiques au sein chez les ascendants du 1er et du 2nd degré. Il existe des interconnections entre les cancers de la prostate et du sein, tous deux hormondépendants, et dans les familles à risque où des hommes ont des cancers du sein et de la prostate et des femmes des cancers du sein. Par ailleurs, certains cancers de la voie excrétrice supérieure sont aussi liés au cancer du côlon et de l’endomètre.
Quels sont les enjeux dans le cancer de la prostate en 2010 en onco-urologie ?
Dr M.R. Le but des urologues est de distinguer les formes indolentes des formes très agressives et le défi est de réaliser le bilan d’extension le plus adéquat pour déterminer si la maladie est localisée à la glande, localement avancée (avec franchissement de la capsule par la tumeur) ou s’il existe déjà une efflorescence métastatique dans l’organisme. La situation la plus courante est celle du cancer localisé au moment du diagnostic. Devant une tumeur dont on sait qu’elle est probablement indolente, d’évolution très lente, on préfèrera suivre le patient de façon très rapprochée (« surveillance active »), et au moindre élément qui laisse à penser que la tumeur évolue, un traitement ad hoc sera déclenché. Il s’agit de plus en plus de traitements adaptés au profil de l’individu, et non plus d’une sanction chirurgicale systématisée. Le traitement « à la carte » est une vraie tendance, imposée par le Plan Cancer, les réunions de concertation pluridisciplinaires, le PPS (programme personnalisé de soins).
Un autre pari est celui lié à l’avènement la chirurgie laparoscopique robot-assistée. Aux USA, en 2009 plus de 90% des prostatectomies totales étaient réalisées en chirurgie robotique, contre à peine 10% en France. Cependant la chirurgie robot-assistée -la télémanipulation des instruments par le chirurgien- prend peu à peu le pas sur les autres voies d’abord. Mais alors que l’on dispose de 20 ans de recul pour la prostatectomie incisionnelle à ciel ouvert, les données médico-économiques, carcinologiques concernant la chirurgie robot-assistée sont rares.
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