Par Albert Dardenne
Résumé de l’épisode 3. La liste des cadavres marqués du signe W s’allonge et le commissaire n’a toujours aucune piste sérieuse…
Lundi 11 mars.
Cinq ! Voilà Lefin avec, à présent, cinq cadavres sur les bras. Cinq cadavres, en un peu plus de trois semaines, et pour un seul tueur ! Grâce à Dieu, ses inspecteurs grippés sont de retour. Le commissaire n’a jamais été aussi heureux de revoir son équipe au complet. Il a immédiatement adjoint le jeune Delneuville à l’inspecteur principal Balthazar. « Son roi mage », comme il le surnomme affectueusement, a du flair et une solide expérience. Alors il charge le duo de refaire une analyse complète du dossier. Tout doit être repris à zéro.
Balthazar, avec ses dix-huit ans de métier, sait tous les avantages qu’il peut y avoir à aborder une affaire avec un « œil neuf ». Il parcourt posément tout le dossier, puis revient en arrière et s’arrête sur les rapports d’autopsie des deux dernières victimes : Isabelle Pleuplez et Basile Lechanteur.
- Tu as remarqué ce passage identique dans les deux rapports « on constate chez la victime une fracture de l’os hyoïde. Cette dernière ne pouvant intervenir que par une compression soutenue et prolongée du cartilage thyroïde du larynx, il est légitime de conclure sans ambiguïté à une mort par strangulation ». Pour moi, cette similitude parfaite n’est pas normale, il y a quelque chose qui cloche…
Mais la porte du bureau lui coupe la parole en s’ouvrant à la volée sous la poussée de Lefin :
- Magnez-vous le train, les gars. Le numéro 6 nous attend. Cette fois c’est au quartier de La Source.
***
Mardi 2 avril.
Lefin est à cran. Cela fait maintenant un mois et demi que cet enfer a commencé. Un mois et demi que le corps de Solange Bourdieux inaugurait ce qui allait être la pire série de sa carrière. Au rythme approximatif de deux assassinats par semaine, se sont alignés ensuite les noms de Jacqueline Quinet, Jean-Léon Monfrère, Isabelle Pleuplez, Basile Lechanteur, Marie-Claire Franz… Mais à quoi bon relire encore cette énumération ! Il tourne en rond. Pour la millième fois, sans doute, il ressasse les maigres données du problème en sa possession : mis à part la situation de leur domicile dans un rayon de douze kilomètres, les quinze victimes, car il y en a quinze à présent (et il frémit : à quand la suivante ?), n’ont pratiquement pas de point commun. Il y a des jeunes et des vieux des deux sexes, des riches et des sans-le-sou, des grands, des petits, des blonds, des… Non, il n’y a rien à tirer non plus de cet inventaire ! Le modus operandi, toujours silencieux, est tout aussi diversifié (étouffement, égorgement, noyade, coups de marteau…) et pourrait même faire croire à des meurtriers différents, s’il n’y avait chaque fois cette signature cynique. Ce maudit W ! C’est même la seule certitude : tous les cadavres ont été marqués par le même et unique poinçon. Valderama, le légiste, est formel sur ce point. Quant aux lieux des crimes : allée arborée, arrêt de bus, impasse sordide… Là aussi, la variété est de mise. L’endroit est bien sûr chaque fois désert, mais ce n’est pas ce genre de constatation qui va lui être d’un grand secours. Donc, pour être honnête, indices significatifs : néant.
Et comme si cela ne suffisait pas, chaque tentative d’élaboration du profil du tueur s’est vue démentie par une caractéristique évidente du crime suivant. Il a suffi qu’on le suppose attiré par les femmes pour voir notre homme s’en prendre à un vieillard. Quand Delneuville venait de remarquer qu’il avait tué trois fois au cœur de la nuit… Le voilà qui passe à l’acte le lendemain, en plein après-midi. Et à peine Lefin a-t-il doublé les patrouilles au centre-ville que le tueur a frappé en périphérie.
Pour Vincent Valderama, le légiste, ce mystérieux Dobelyou – c’est ainsi qu’il l’a surnommé – possède un QI bien supérieur à la moyenne. Il anticipe l’analyse de la PJ et cherche à la ridiculiser. Lefin n’y croit pas, mais les faits ne permettent pas d’invalider la théorie du médecin. Un brave type finalement, ce Valderama, et hyper-compétent, le commissaire reconnaît qu’il l’a mésestimé. Il s’acharne. Ses examens et autopsies vont bien au-delà de ce qu’on serait en droit d’attendre de lui. Ce sont des modèles du genre : les moindres détails y sont classés, numérotés, mesurés, répertoriés avec la plus grande rigueur. Manifestement, il a fait de Dobelyou une affaire personnelle. Delneuville aussi, d’ailleurs. Inlassablement, ils le traquent. À l’intuition, Delneuville a même failli par deux fois contrer la démarche imprévisible qu’adopte le tueur. Par deux fois, en effet, il s’en est fallu d’un cheveu qu’il ne le prenne « en flag’ ». La troisième fois sera-t-elle la bonne ?
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