« Nous avons été très actifs durant cette crise, même si on n’a pas beaucoup parlé de nous. » Le Dr Christine Bertin-Belot, généraliste à Besançon et vice-présidente SML de l’URPS de Bourgogne-Franche-Comté, ne cache pas une certaine frustration, estimant que le rôle des médecins libéraux durant la première vague du coronavirus n’a pas été suffisamment mis en avant. C’est la raison pour laquelle son union a décidé de dresser le bilan de l’action des médecins de ville pendant cette crise sanitaire inédite dans un rapport de 52 pages, sorte de retour d’expérience : un document qui prend parfois des allures de réquisitoire.
Les libéraux bourguignons et francs-comtois critiquent notamment une administration minée par le « centralisme décisionnel », privilégiant une « vision focalisée sur l’impact hospitalier de l’épidémie au détriment de la médecine ambulatoire et des soins courants et suivis ». Résultat : les praticiens de ville se sont sentis « isolés » et « délaissés », ce que confirme une enquête menée par l’URPS durant l’été auprès de 650 confrères de la région : 81 % estimaient qu’avant la crise, ils n’étaient pas préparés à intervenir dans une situation sanitaire exceptionnelle, 84 % déclaraient qu’ils n’avaient pas été formés à la gestion des crises sanitaires et à la médecine de catastrophe, et 87 % affirmaient que la médecine libérale n’était pas intégrée dans les plans de secours.
Une URPS au charbon
Mais bien qu’ils se soient sentis écartés de la gestion de la crise, les médecins de la région ne sont pas restés les bras croisés. C’est du moins ce que souligne la vice-présidente de l’URPS, qui revient notamment sur la création de l’application LibOrsan, qui permet la transmission de messages ciblés entre libéraux et que l’union venait, avec divers partenaires, de lancer juste avant la pandémie. « C’est un outil de communication qui nous a été très utile, par exemple pour les distributions de masques ou pour la diffusion des messages de la DGOS (Direction générale de l’offre de soins, ndlr), et nous avons eu de très bons retours. »
Pour tirer les leçons de la crise, les médecins de l’URPS font diverses propositions, à commencer par un travail commun avec les instances ordinales locales et l’ARS pour recenser les médecins sans activité stable (« internes, remplaçants, retraités “récents” », précise l’URPS), afin d’être en mesure de les informer et de les mobiliser en cas de besoin. Ils appellent également de leurs vœux une meilleure maîtrise des chaînes logistiques afin que les libéraux aient un accès plus fluide aux équipements stratégiques, une amélioration des moyens de communication, une meilleure coordination locale… Et surtout, ils demandent davantage d’anticipation et une implication de tous : « injonction ne vaut pas adhésion », rappellent-ils en conclusion de leur rapport. Une maxime qui peut toujours servir, et pas seulement en période de crise sanitaire.
* Crise sanitaire et médecine libérale – Retour d’expérience de l’URPS-ML-BFC de la pandémie de SARS-CoV-2, septembre 2020.
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