Gale hyperkératosique

La prise en charge doit être rigoureuse

Publié le 15/01/2015
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La gale hyperkératosique est une gale dense au plan parasitaire. Plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de sarcoptes ont pu être dénombrés par squame, d’où le risque majeur de contamination. Elle est plutôt observée en cas d’immunosuppression (infection par le VIH, traitement par des corticoïdes au long cours) et de pathologies neurologiques rendant impossible la perception du prurit. Elle peut aussi être associée à l’infection à HTLV1.

Son aspect clinique est celui d’une érythrodermie prurigineuse et squamocroûteuse qui peut s’étendre sur toute la surface corporelle, y compris le visage et le cuir chevelu. Elle peut aussi être localisée. Le prurit est discret voire absent. Parfois le tableau est celui d’une gale profuse avec un seul site hyperkératosique.

"Les données de littérature concernant le traitement de la gale hyperkératosique sont extrêmement pauvres, fait remarquer le Pr Olivier Chosidow. On ne trouve que trois études publiées comprenant plus de cinq patients et les attitudes thérapeutiques sont différentes selon les études".

Ivermetine et traitement local

Le traitement est, en théorie, relativement simple. Pour O. Chosidow, il consiste en la prise orale de 3 doses standards (200 µg/kg) d’ivermectine lors des repas à J1, J7 et J14. Un traitement local est associé. "Dans notre service, nous utilisons l’Antiscabiosum qui théoriquement n’est indiqué que chez l’enfant et que l’on utilise comme l’Ascabiol (qui sera probablement à nouveau disponible en mars 2015), du cuir chevelu aux orteils, explique O. Chosidow". Les ongles doivent être coupés très courts, les émollients sont appliqués de façon intense et le linge est désinfecté; cette désinfection doit concerner le linge susceptible d’être contaminé depuis la semaine précédant le diagnostic. La guérison clinique et parasitologique est exigée, cette dernière étant objectivée par deux examens parasitologiques négatifs. Il faut, évidemment s’intéresser à la prévention de la transmission croisée d’où l’importance d’extraire le patient de son environnement et d’imposer un isolement géographique, l’idéal étant l’hospitalisation.

"Dans le futur, conclut O. Chosidow, il semble important de mieux connaître la gale hyperkératosique, les dermatologues seront d’ailleurs consultés prochainement pour tenter de recenser cette pathologie. Un travail est déjà entrepris avec les ARS pour tenter de préciser son incidence en Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Enfin, un essai va être prochainement mis en place comparant deux doses d’ivermectine (200 µg/kg et 400 µg/kg) afin de savoir si l’augmentation de la dose permet une guérison plus rapide".

D’après la communication du Pr Olivier Chosidow, hôpital Henri Mondor, Créteil

Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9378