Mucosectomie colorectale et risque hémorragique

L’aspirine peut être poursuivi

Publié le 20/03/2014
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Les recommandations européennes de 2 011 sont en faveur de l’arrêt de l’acide acétylsalicylique (ASA) lors de diverses procédures endoscopiques interventionnelles à haut risque hémorragique, notamment les mucosectomies colorectales réalisées en cas de lésions adénomateuses. « Ceci pose un problème en pratique car de plus en plus de patients bénéficient d’une coloscopie avec traitement mini-invasif en raison du dépistage du cancer colorectal et qu’ils sont de plus en plus nombreux à être traités par antiagrégants plaquettaires », rappelle le Dr Geoffroy Vanbiervliet. La littérature reste assez pauvre, avec surtout des études cas-témoins rétrospectives et l’arrêt de l’ASA jusqu’alors préconisé expose à un risque d’accident vasculaire thrombotique de 5 %, a priori très supérieur au risque hémorragique. Pour répondre à la question de l’arrêt ou non de l’ASA dans ce contexte, un travail prospectif multicentrique français, non randomisé, a été réalisé en incluant tous les patients sous aspirine au long cours bénéficiant d’une mucosectomie colorectale dans les principaux centres d’endoscopie digestive. Les données portent sur 317 sujets et 599 lésions traitées (taille moyenne de 12 mm, jusqu’à 7 cm de grand axe). Le traitement par ASA a été poursuivi le jour même de la procédure, le clopidogrel ayant, en revanche, été arrêté depuis 5 jours chez ceux qui recevaient une bithérapie.

Le taux de saignement immédiat a été de 11 % (36 patients), toujours contrôlé par endoscopie, et celui de saignement retardé de 1,89 % (6 patients), comparable au taux d’hémorragie habituellement rapporté chez les patients tout venant. Cette dernière complication a motivé une hospitalisation moyenne de 2 jours ; le traitement endoscopique a permis de contrôler l’hémorragie dans tous les cas ; 5 patients ont finalement été transfusés.

« Sur la base de ces données, les prochaines recommandations européennes préconiseront très probablement de ne pas interrompre l’ASA chez ces patients », conclut le Dr Vanbiervliet, en précisant qu’une étude du même type est en cours pour évaluer l’impact du maintien du clopidogrel.

D’après un entretien avec le Dr Geoffroy Vanbiervliet, CHU de Nice.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9311