Le dosage répond à certaines règles

La supplémentation en vitamine D recommandée à partir de 65 ans

Publié le 22/01/2015
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Les études cliniques l’ont démontré : le fait de supplémenter suffisamment une personne âgée de 65 ans ou plus en vitamine D permet de réduire le risque de fractures et de chutes. Cette affirmation se fonde sur les méta-analyses de Bischoff-Ferrari* reprenant l’ensemble des études cliniques traitant du lien entre supplémentation en vitamine D, chutes et fractures chez le sujet âgé.

Chez les personnes âgées, un faible apport en vitamine D constitue un terrain favorable à la perte osseuse et donc à l’ostéoporose. De plus, la carence en vitamine D diminue la force musculaire, en particulier au niveau des membres inférieurs, et favorise ainsi les chutes. « Ces méta-analyses mettent notamment en exergue le fait que l’effet de la supplémentation en vitamine D sur les fractures et les chutes est dose-dépendante. Lorsque la supplémentation est insuffisante, il n’y a aucun d’effet sur le risque de fractures et de chutes », souligne le Pr Agathe Raynaud-Simon, chef du département de gériatrie des hôpitaux Bichat-Beaujon, à Paris.

D’après les experts du groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO), afin de bénéficier des effets protecteurs de cette supplémentation, le patient âgé doit recevoir – dans une approche préventive, de façon systématique – entre 800 et 1 000 UI de vitamine D par jour. Cette dose pouvant également être administrée de façon plus espacée. Par exemple, par le biais d’une ampoule de 80 000 UI à 100 000 UI tous les 2 à 3 mois. « Attention, toutefois. Si le fait de prendre de la vitamine D3 tous les deux à trois mois équivaut – sur le plan de l’efficacité – à une prise quotidienne. Cela n’est pas vrai pour la vitamine D2 qu’il vaut mieux prendre tous les jours », note le Dr Raynaud-Simon.

Des recommandations en matière de dosage

Le dosage de la 25 OH vitamine D plasmatique n’est pas nécessaire dans le cadre d’une supplémentation systématique chez une personne âgée. « Au cours d’une consultation chez un médecin généraliste, concernant une personne âgée n’ayant pas de risque particulier, il n’est pas recommandé de doser la vitamine D avant de supplémenter. Il suffit de prescrire la vitamine D à la dose recommandée (entre 80 000 IU et 100 000 IU tous les deux ou trois mois) », précise le Pr Raynaud-Simon.

Le dosage préliminaire de la 25 OH vitamine D (D2 + D3) n’est utile que dans certains cas particuliers, notamment lorsque le patient âgé présente une ostéoporose, des troubles du métabolisme phosphocalcique, une insuffisance rénale ou une malabsorption. Ou encore, lorsque les chutes se répètent et que la prise en charge rapide est nécessaire. « À ce moment-là, le dosage en vitamine D permet de prévoir un protocole de recharge : selon celui établi par le Dr Jean-Claude Souberbielle, biologiste à l’hôpital Necker et spécialiste du métabolisme de la vitamine D, il faut prescrire une ampoule de vitamine D de 100 000 UI tous les 15 jours pendant un à deux mois selon l’intensité de la carence », assure le Pr Raynaud-Simon. Le dosage permet donc une recharge plus rapide qu’une prescription de vitamine D à l’aveugle (sans dosage préalable).

La Haute Autorité de Santé a pour sa part, émis des recommandations récentes visant à limiter le dosage de la 25 OH vitamine D plasmatique chez le patient âgé comme dans l’ensemble de la population. « Il faut entendre que le dosage de la vitamine D coûte dix fois plus cher que trois mois de traitement. Cependant, les experts mettent en garde contre un déremboursement trop large du dosage et rappellent les bonnes indications sus-citées** », conclut le Dr Raynaud-Simon.

*Bischoff-Ferrari HA et al, Fracture prevention with vitamin D supplementation. A meta-analysis of randomized controlled trials. JAMA 2005 ; 293 : 2257-64.

Bischoff-Ferrari HA et al. Effect of vitamin D on falls. À meta-analysis. JAMA2004 ; 16 : 1999-2006.

**Souberbielle JC et al. Rapport de la HAS sur les dosages de vitamine D : ne passons pas d’une situation extrême à une autre situation tout aussi extrême. Presse Med 201 ; 43:5-8.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9380