Les modèles expérimentaux et les pathologies respiratoires chroniques de l’enfant ont montré que, si l’action mécanique de l’air ne modifie pas la croissance faciale, la ventilation orale joue quant à elle un rôle important, de par l’action des muscles de la langue et de l’appareil manducateur, mais aussi via l’hormone de croissance, puisque les taux d’IGF diminuent en cas d’obstruction nasale — et reviennent à la normale après adénoïdectomie.
Il n’est pas besoin d’être un grand spécialiste pour reconnaître un « faciès adénoïde », chez un enfant respirant bouche ouverte, avec interposition de la langue entre les arcades dentaires supérieures et inférieures, un effacement du sillon nasogénien, des cernes marqués, une paupière inférieure un peu trop basse laissant apparaître un peu trop le blanc des yeux, avec à l’examen un palais ogival. « Il est essentiel de corriger l’obstruction nasale avant que les anomalies maxillaires et dentaires ne soient irréversibles », souligne le Dr Éric Moreddu (CHU de Marseille).
L’examen clinique évalue l’importance de l’obstruction respiratoire, son siège, ses éventuelles conséquences (otite séromuqueuse [OSM], surinfections, syndrome d’apnées obstructives du sommeil [SAOS]) et les facteurs favorisants (atopie, tabagisme passif). Le bilan allergologique est indispensable si on suspecte une rhinite allergique ; la rhinomanométrie ne se pratique que dans des centres spécialisés. Le scanner ou le cone beam sont surtout utiles devant une anomalie architecturale ou avant une intervention chirurgicale.
Prise en charge adaptée à l’âge
Le projet thérapeutique doit être établi en concertation avec stomatologue, orthodontiste, orthophoniste, etc. et adapté à l’âge. On commence toujours par un traitement médical, sauf en cas d’anomalie architecturale manifeste. Il a une action préventive avant l’apparition de troubles de la croissance faciale, corrective si ces troubles sont installés.
La rééducation des praxies orofaciales vise à corriger la position linguale et à réapprendre à respirer par le nez : les enfants qui ont toujours respiré par la bouche tendent à continuer même après désobstruction nasale.
L’adénoïdectomie intervient en principe après échec des traitements locaux, en première intention en cas d’OSM ou de SAOS. Il n’y a pas de limite d’âge si l’enfant est très gêné. Il en est de même pour la septoplastie. Toutefois, celle-ci ne sera pratiquée qu’avant ou après la croissance pubertaire, et devra être très économe sur la résection cartilagineuse septale. Une résection des cornets inférieurs — idéalement au laser sans effraction de la muqueuse — peut être envisagée si le test aux vasoconstricteurs est positif.
Session « Obstruction nasale chronique de l’enfant : particularités de prise en charge »
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