Pourquoi urine-t-on sous l’effet d’une émotion, d’un orgasme ou quand on ouvre la porte de chez soi ? Parce que la miction n’est pas uniquement un réflexe contrôlé par le système neuropériphérique et la moelle épinière mais interagit aussi avec le sous-cerveau et les zones régissant les émotions, la cognition ou l’attention, comme l’illustrent de nombreux exemples cliniques. Il existe aussi une dimension culturelle et sociale de la miction qui amène parfois à la différer d’où des difficultés à obtenir la relaxation du sphincter et des conséquences en terme d’infections urinaires ou de troubles de la statique périnéale. « La miction interfère aussi avec l’attention, et comme nous l’avons montré dans notre unité de recherche, explique le Pr Amarenco, les capacités attentionnelles et cognitives se réduisent notablement au fur et à mesure que la vessie se remplit ». La dimension cérébrale de la miction n’est pas seulement intéressante sur le plan conceptuel mais aussi sur le plan thérapeutique. D’une part pour faire comprendre aux patients qu’on ne les considère pas comme des fonctionnels mais comme souffrant d’une dysrégulation psychocomportementale au niveau mictionnel. D’autre part parce que ce type de troubles mictionnels ne relève ni des traitements médicamenteux classiques ni de la rééducation périnéale inefficace dans ces cas mais d’une réadaptation psychocomportementale de la vessie par diverses techniques, hypnose, thérapies cognitivocomportementales, méditation de pleine conscience, training autogène, relaxation, etc. Ce qui demande au praticien une approche sémiologique plus fine pour faire la part entre le psychocomportemental et le périphérique avant de proposer un traitement.
D’après un entretien avec le Pr Gérard Amarenco, hôpital Tenon, GREEN GRC 01 UPMC (Groupe de RecherchE cliniquE en Neuro-urologie)
Article précédent
Une prescription encadrée
Article suivant
De nombreuses perspectives, mais encore des obstacles
Les spécificités chez l'enfant
Une vision globale à intégrer dans la rééducation
Des recommandations pour 2017
Une prescription encadrée
Quand la vessie dialogue avec le cerveau
De nombreuses perspectives, mais encore des obstacles
Pas de fatalisme mais des interventions raisonnées
Une volonté d’ouverture
L’approche globale de la médecine physique de réadaptation
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?