Le RGO, spectaculaire mais physiologique

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Publié le 30/09/2016
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Les enfants pathologiques sont ceux qui ne régurgitent pas ! » Pour le Pr Olivier Mouterde, la chose est entendue, le RGO est un phénomène physiologique qui s’avère simplement « particulièrement spectaculaire chez un nourrisson » compte tenu des quantités de liquides ingérés à cet âge.

Ainsi à l’âge de 4-5 mois,  60% des enfants régurgitent.  Le plus souvent  le reflux est banal avec des régurgitations juste après le biberon. Il peut être plus floride avec des régurgitations à distance des biberons sans pour autant être pathologique ni justifier d’un traitement. « S’il n’y a pas d’autres problèmes, il faut simplement attendre les deux étapes de la guérison que sont la diversification puis la marche ».  

L’œsophagite, principale complication

En fait le reflux devient pathologique et doit être considéré comme un reflux maladie uniquement s’il se complique, la principale complication étant l’œsophagite. L’hématémèse est un bon signe d’alerte mais « le diagnostic d’œsophagite est endoscopique et toute prescription d’IPP en dehors de ce cadre est hors AMM, rappelle le Pr Mouterde. Pourtant, beaucoup d’enfants sont traités par IPP pour suspicion d’œsophagite face à des régurgitations survenant chez un enfant qui grimace ou qui pleure. »

Le placebo aussi bien que les IPP

Une étude réalisée chez des nourrissons traités pour ce type de tableau montre que si les IPP permettent d’améliorer les symptômes dans 56 % des cas selon les parents, le placebo fait aussi bien avec une amélioration dans 51 % des cas. Beaucoup d’autres symptômes (pleurs, malaises, événements cardiorespiratoires du prématuré, asthme, toux, otites à répétition ou séreuses, voix rauque, etc.) ont été par ailleurs attribués au fil des années au reflux.

Mais, pour la plupart, le rôle du reflux n’a pas été prouvé et les IPP n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. En revanche, les traitements ne sont pas complètement anodins avec, chez l’enfant, un risque de pneumopathies et de gastro-entérites, probablement en lien avec  la perte du pouvoir bactéricide du contenu gastrique.

Bénédicte Gatin

Source : Le Généraliste: 2769