Savor Timi et Examine : la sécurité cardiovasculaire des gliptines (presque) confirmée
L’actualité de l’année 2013 a été marquée par la parution des deux premiers essais sur la sécurité cardio-vasculaire (CV) des inhibiteurs des DPP-4. Alors que SAVOR TIMI 53 a évalué la saxagliptine, EXAMINE testait l’alogliptine. Si elles déçoivent par l’absence de bénéfice CV, elles relaxent ces molécules de tout sur-risque cardiovasculaire. Avec toutefois, dans Savor Timi, un sur-risque de 27% d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (IC) dans le groupe saxagliptine avec des facteurs prédictifs tels l’âge › 75 ans, la présence d’une maladie coronarienne ou d’un IDM, un niveau élevé de N tp-BNP et le sexe masculin.
La question d’une décompensation d’une IC pré-existante est désormais soulevée.
« L’augmentation des hospitalisations pour IC sous saxagliptine devra être comparée aux autres études utilisant les iDPP-4 qui permettront peut-être aussi d’identifier des patients à risque, afin de les surveiller sans pour autant les exclure du traitement, estime le Pr Bernard Charbonnel (Nantes). Car si elles semblent plus fréquentes dans les six premiers mois de traitement, ces hospitalisations ne sont pas pour autant de plus mauvais pronostic que les autres. » On en saura plus avec la prochaine divulgation de l’essai CV TECOS qui teste la sitagliptine chez 14 000 diabétiques coronariens.
Look-Ahead : les limites de l’hygiène de vie
Sont aussi parus en 2013 les résultats plutôt décevants de l’étude Look-Ahead. Celle-ci cherchait à démontrer chez 5 145 diabétiques de type 2 obèses ou en surpoids que la prise en charge intensive en matière d’hygiène de vie, visant une perte pondérale, procurait des bénéfices cardiovasculaires.
En dix ans, la perte de poids a été supérieure dans le groupe intensif ainsi que le score de forme physique et la diminution de l’HbA1c. Mais « si l’application stricte de règles d’hygiène de vie améliorait au moins transitoirement certains facteurs de risque CV, elle ne réduisait pas la morbi-mortalité CV comparé à une éducation standard », résume le Pr Charbonnel Alors, suivre les règles d’hygiène de vie oui ! Les intensifier, est-ce vraiment utile ?
Navigator : le risque diabétogène des statines et diurétiques
Toujours en 2013, une sous-analyse de l’étude NAVIGATOR s’est intéressée aux sujets à risque de devenir diabétiques mais naïfs de traitement par bêtabloquants, diurétiques, statines ou bloqueurs calciques. Ces thérapeutiques ont ensuite été introduites. Après 5 ans, il a été constaté que les statines augmentaient leur risque de devenir diabétique d’environ 30%, et les diurétiques de 23%. « La prévention cardiovasculaire par les statines l’emporte sur ce nouveau risque de développer un diabète, juge le Pr Charbonnel. Chez un pré-diabétique en prévention primaire, il faut prescrire au cas par cas, c’est-à-dire se fier à la glycémie à jeun et adapter le niveau de HDL cholestérol à viser en fonction. »
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