Les technologies, jeux vidéo, robots de rééducation ou encore stimulation électrique prennent une place grandissante dans l’aide à la rééducation
Une rééducation plus ludique et plus motivante
Depuis 15 ans, la littérature confirme l’intérêt du jeu vidéo qui permet d’augmenter la quantité et l’intensité de la rééducation et la motivation du patient. On peut utiliser des jeux grand public s’ils sont simples et paramétrables, ou des jeux produits par la recherche, plus adaptés aux handicaps physiques et cognitifs. Les interfaces peuvent être très différentes, souris, Kinect (capteurs optiques du mouvement) ou pilotage par un robot de rééducation, un exosquelette qui peut compléter les mouvements d’un membre paralysé. Le thérapeute peut adapter en permanence la difficulté du jeu aux performances du patient. À l’avenir, ces jeux pourraient intégrer des outils intelligents permettant une auto-adaptation de la difficulté du jeu aux progrès du patient.
Les nouvelles technologies participent aussi à la rééducation des fonctions intellectuelles. Une équipe bordelaise a ainsi créé un jeu vidéo mimant une scène de supermarché en évaluant les objectifs réalisés, la durée des courses, la trajectoire dans le magasin. « En analysant les paramètres moteurs et cognitifs, ces jeux pourraient nous permettre de mieux comprendre les processus de récupération à travers l’évolution des performances du patient et de mieux personnaliser et rationaliser la rééducation », explique le Pr Isabelle Laffont.
L’idéal serait de prolonger les soins rééducatifs à domicile grâce à des jeux vidéo thérapeutiques, avec une supervision hebdomadaire par un rééducateur ou via internet. Ces jeux pourraient aussi participer à la vie sociale avec la famille ou d’autres patients grâce à des « game play » asymétriques permettant à des joueurs de niveaux différents de jouer la même partie.
Compléter le mouvement
Des systèmes externes mettant la personne en apesanteur peuvent aider la rééducation à la marche dans les paralysies incomplètes et lui permettre de retrouver les automatismes de la marche. Même chose avec des exosquelettes robotisés qui accompagnent les mouvements des membres et les complètent s’ils ne sont pas suffisants, permettant à la fois le travail musculaire et la récupération des automatismes. Ils semblent intéressants dans les phases initiales de la rééducation, moins dans les périodes plus tardives. Ces dispositifs très onéreux ne se trouvent que dans les centres experts.
Toujours dans les paralysies incomplètes, des appareils de stimulation électrique envoient des impulsions électriques qui permettent d’achever le mouvement, et sont souvent utilisés de façon précoce pour, par exemple, réapprendre le cycle de marche.
Quelques pistes de recherche
La stimulation cérébrale externe électrique (Transcranial Direct Current Stimulation, TDCS) ou magnétique (Repetitive Transcranial Magnetic Stimulation, rTMS) pourrait aider la réorganisation cérébrale, soit en stimulant l’hémisphère lésé, soit en inhibant l’hémisphère sain qui, en particulier dans l’AVC, peut être hyperactivé et entraver la récupération du côté atteint. Les études sont prometteuses dans l’aphasie et dans la motricité mais restent encore du domaine de la recherche. « Nous attendons aussi des technologies portatives permettant d’enregistrer le fonctionnement cérébral et son évolution pendant la rééducation, par exemple par l’analyse de la chaleur cutanée au niveau du crâne (fNIRS), reflet de l’activation cérébrale, mais ces systèmes sont encore très exploratoires », indique le Pr Laffont.
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