Si les bénéfices de l'activité physique ne font plus aucun doute, sa prescription peine à décoller, malgré la loi « Sport sur ordonnance » de mars 2017. Pour y remédier, la Haute Autorité de santé (HAS) diffuse un guide détaillant les modalités de prescription pour accompagner les médecins, ainsi qu'une série d'outils.
« En mettant à disposition des médecins, des masseurs-kinésithérapeutes et des enseignants d’activité physique adaptée l’ensemble de ces outils complets, argumentés, sourcés, la HAS poursuit sa contribution à la lutte contre l’inactivité physique et la sédentarité, priorité de santé publique », souligne Pr Dominique Le Guludec, présidente du Collège de la HAS.
Aujourd'hui, l'activité est une thérapeutique à part entière et ces effets sont clairement prouvés en prévention primaire, secondaire et tertiaire. « L'activité physique diminue le risque d'AVC de 20 à 30 % chez l'adulte », illustre la Pr Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, responsable du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand.
Accompagner et rassurer les médecins
Le nouveau guide de la HAS vise à aider les médecins, du repérage de l'inactivité jusqu'à la prescription d'activité et son suivi chez les adultes, y compris ceux en situation de handicap physique, mental ou sensoriel. Les médecins doivent prendre en compte l’état de santé du patient, sa condition physique et sa motivation à modifier ses habitudes. Et peuvent aussi bien prescrire de l'activité physique ordinaire, à intégrer au quotidien du patient, que des séances d'activité physique adaptée (APA), encadrées par un professionnel formé. « Toutes les formes d'activité sont bénéfiques », insiste la Pr Duclos. Et de souligner l'importance de réduire en parallèle le temps passé assis pour obtenir un réel bénéfice pour la santé.
Malgré les bénéfices, des freins à l'activité persistent. En particulier, la crainte que peuvent avoir certains médecins à en prescrire : « Ce guide vise à rassurer les médecins dans leur prescription : la balance bénéfice-risque est largement favorable avec la pratique d'une activité d'intensité modérée », précise la Pr Duclos.
« Il n'y a aucun risque à en prescrire, abonde le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. Prescrire de l'activité physique, ce n'est pas compliqué et il n'est pas nécessaire d'effectuer des examens qui vont retarder la prescription : l'épreuve d'effort n'est pas utile pour l'APA ! ».
Les médecins doivent se former à la prévention
À côté de ce guide, d'autres outils sont mis à disposition des médecins, comme un guide des connaissances sur l’activité physique et la sédentarité et des fiches pratiques par pathologie. Des fiches destinées aux patients seront prochainement publiées.
La HAS avait déjà publié un premier guide visant à accompagner les médecins, ainsi qu’une série de référentiels d’aide à la prescription d’activité physique pour 11 pathologies et états de santé en 2018 et 2019.
Depuis, des maisons Sport santé ont fleuri sur l'ensemble du territoire et une nouvelle loi a été adoptée en mars 2022 afin de poursuivre la démocratisation du sport en France. Cette loi ouvre notamment la prescription d’APA à l’ensemble des médecins
« Nous étions jusque-là en retard en France dans la prescription de l'activité physique, mais nous allons rattraper ce retard. Les outils de la HAS vont être d'une aide importante », espère le Pr Carré. Le cardiologue plaide pour que la prévention prenne une place plus importante dans la formation universitaire des soignants et appelle les médecins « à se prendre en charge et à se former à la prévention ».
« Il y a un changement de paradigme : aujourd'hui, nous devons dire à nos patients "Vous êtes malades, bougez !", poursuit le Pr Carré. Les médecins doivent être convaincus pour être convaincants. »
Un rapport sur la prise en charge à l'automne
La HAS poursuit ses travaux autour de l'activité physique et prévoit notamment la publication prochaine d’un guide de consultation et de prescription médicale d’activité physique à des fins de santé chez l’enfant et l'adolescent.
La Pr Le Guludec a également précisé qu'un rapport du gouvernement portant sur la prise en charge de l'activité physique par l'Assurance-maladie serait présenté à l'Assemblée nationale à l'automne.
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