Aujourd’hui, près de la moitié des généralistes du département de Seine-Saint-Denis – soit quelque cinq cents praticiens - informent leur conseil départemental de l’Ordre de leurs dates de congés. Un système qui s’est mis en place en 2003. « Après la canicule estivale, le centre 15 s’est plaint rétrospectivement de ne pas savoir quel médecin contacter. Evidemment, les généralistes ont rétorqué qu’ils étaient, soient présents, soit qu’ils avaient un remplaçant », se souvient le Dr Eric Fellous, président du Cdom de Seine-Saint-Denis.
Une occasion rêvée
A l’évidence, le monde libéral et le milieu hospitalier gagneraient à mieux communiquer. Le Dr Fellous prend l’initiative de s’y employer ; le médecin généraliste installé à Bobigny, décide ainsi de prendre son bâton de pèlerin et d’aller à la rencontre des associations et des amicales de médecins s’occupant de permanence des soins. « C’était d’autant plus nécessaire que je venais d’arriver à la présidence et que septembre 2003 coïncidait avec la publication du décret Descours sur la PDS, consacrant les tranches horaires de 20h00 à 8h30.» Occasion rêvée donc de discuter avec les parties prenantes au dispositif. « J’ai insisté auprès de tout le monde sur le fait qu’il ne s’agissait en aucune manière de coercition ou d’une quelconque pré-liste à fins de réquisition. Les infos concernant les congés des libéraux seraient directement adressées au conseil de l’Ordre, qui les relaierait au centre 15 afin que ce dernier puisse s’organiser et savoir quel médecin appeler à quel moment ».
Le dispositif s’est ainsi mis en place progressivement. « Ça nous a pris environ trois ans pour atteindre notre vitesse de croisière. Et quand les généralistes qui y avaient adhéré ont relayé que ça marchait plutôt bien, d’autres les ont rejoints », poursuit le Dr Fellous. Aujourd’hui, ils sont donc 500 sur les 1000 généralistes que compte le département à adhérer au principe. Il faut dire que l’organisation est simple. A l’approche d’une période de vacances, celles d’été par exemple, le conseil de l’Ordre demande, par courrier, aux généralistes, quelle devrait être leurs dates de congé. Deux semaines plus tard, piqûre de rappel par appel téléphonique. Enfin, dix jours après, une newsletter leur est adressée à tous. « Ensuite nous établissons un calendrier des présences en fonction des réponses, que nous transmettons au centre 15 », développe le Dr Fellous.
Pas de mesures cœrcitives
L’obligation de déclaration de congés, (si toutefois cette dernière voit le jour), risque-t-elle de mettre à mal cette organisation originale des généralistes de Seine-Saint-Denis en matière de permanence des soins? Le président du Cdom admet qu’il ne saurait répondre, mais déclare « comprendre tout à fait la réaction de rejet des confrères France entière. Notre dispositif ne fonctionne que parce qu’il ne fait aucunement appel à la coercition. Cette dernière ne saurait être, en tout état de cause, que contre-productive »…Un avis largement partagé par le Dr Anncik Houngo. Cette généraliste installé à Clichy-sous-Bois est une adepte de la première heure de la formule développée dans le 9-3. «J’ai toujours pris des gardes depuis mon installation il y a vingt-huit ans, explique-t-elle. Et le fait d’informer les confrères, et le centre 15 des vacances des uns et des autres est une bonne manière de s’assurer d’une couverture médicale satisfaisante tout au long de l’année». A condition cependant que cette organisation se fasse entre les professionnels concernés. «Nous sommes tout de même une profession libérale. Si on se retrouve demain obligé de se justifier auprès des ARS pour prendre ses vacances, je pense sincèremennt que ça va faire grincer beaucoup de dents». Voici les pouvoirs publics prévenus.
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