« Tout comme les généralistes, les médecins du travail ont un rôle important à jouer dans le repérage et l’évaluation de la dyspnée. Et ils ne doivent pas hésiter à utiliser des scores d’évaluation très simples d’emploi », souligne le Dr Thierry Perez, pneumologue PH à l’Hôpital Calmette, CHRU de Lille.
Selon ce pneumologue, la dyspnée est un symptôme particulièrement fréquent. « En fonction des enquêtes épidémiologiques, on estime qu’elle touche entre 15 % et 30 % des individus en population générale. La prévalence augmente évidemment de manière forte avec l’âge. Il s’agit d’un symptôme intégratif multifactoriel (maladie respiratoire, insuffisance cardiaque, obésité, déconditionnement dans le cadre d’un manque d’activité…) avec une forte valeur pronostique. Le fait d’être dyspnéique est un facteur majeur de mortalité. Dans le cadre d’une BPCO, maladie fréquente après 40 ans y compris en milieu professionnel (10 à 15 % des BPCO ont une composante liée à une exposition professionnelle), c’est aussi le principal déterminant de la qualité de vie du patient ».
Le médecin du travail peut d’abord aborder le problème par des questions ouvertes qualitatives : êtes-vous plus essoufflé qu’auparavant ? Avez-vous le sentiment d’être plus essoufflé qu’une personne de votre âge ? « Ces questions peuvent déjà constituer une première indication mais bien souvent, le patient a tendance à banaliser le sujet, à évoquer l’âge, la prise de poids ou le manque d’activité physique », souligne le Dr Perez, en ajoutant que l’outil de repérage et d’évaluation le plus adapté et le plus simple d’utilisation, dans ce cadre, est le MMRC (Modified Medical Research Council). Cette échelle de 0 à 4, qui peut être administrée en moins d’une minute, permet déjà de détecter une dyspnée significative, à partir du stade 1. Sinon, dans le cadre de la médecine du travail, on peut aussi recommander l’usage d’un autre outil simple : l’échelle de Borg, utilisée à l’effort – y compris potentiellement lors d’activités professionnelles – avec une gradation de 0 à 10. À la fin d’une épreuve d’effort maximale, la plupart des sujets normaux cotent leur dyspnée entre 4 et 5 (assez sévère à sévère), 10 correspondant à une dyspnée maximale, intolérable. L’échelle de Borg peut aider à évaluer la pénibilité de taches professionnelles physiquement intenses.
D’après un entretien avec le Dr Thierry Perez, service de pneumologie et service EFR du CHRU de Lille, Hôpital Calmette.
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