Selon les estimations de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), la moindre dépense cumulée liée aux génériques depuis 2002 serait de 12,1 milliards d’euros. La seule progression de la substitution dans le répertoire a permis 8,5 milliards d’euros d’économie entre 2002 et 2012. À côté, « les baisses de prix des princeps associés représenteraient environ deux milliards d’euros », soulignait il y a un an la Commission des comptes de la Sécurité sociale.
Sur la seule année 2013, la CNAM estime que les génériques lui ont permis d’économiser 1,6 milliard en remboursement de médicaments (contre 1,46 en 2012). Des chiffres importants mais qui montreraient une baisse si l’on reprend d’autres montants provenant de la Fédération nationale de la Mutualité française et son Observatoire du médicament : 1,44 milliard en 2009, 1,85 milliard en 2010 et 1,92 milliard en 2011.
De son côté, le GEMME, se basant sur des chiffre GERS et de la Mutualité Française, avance, avant même la fin de l’année 2014, des économies de 2,4 milliards.
La marge d’économie potentielle est elle aussi calculée. Ainsi, si l’acceptation des génériques avait été totale, 617 millions supplémentaires auraient pu être engrangés en 2009, 780 en 2010, 936 en 2011 et 961 l’année suivante.
Pour la Cour des Comptes, dans son rapport de septembre 2014, le niveau des économies peut (et doit) être largement augmenté si le niveau de pénétration des génériques progresse nettement, au regard des volumes écoulés dans les pays voisins comme l’Allemagne et le Royaume-Uni où les trois quarts des boîtes de médicaments remboursés sont des génériques.
Cela étant, les économies réalisées en France semblent augmenter. Pourquoi ? Elles augmentent grâce à des mesures fortes prises par les pouvoirs publics, rappelle encore la Cour des Comptes : « La baisse de la consommation des génériques constatée à partir de 2009, en partie liée à la faiblesse du taux de substitution, a pu être enrayée grâce à deux mesures : la généralisation du tiers payant contre génériques (...) et la création d’une rémunération à la performance pour les pharmaciens. »
Le levier « tiers payant contre génériques »
La première de ces mesures constitue, depuis sa généralisation à tous les départements en avril 2012, une forte incitation pour les patients à accepter la substitution proposée par le pharmacien pour pouvoir bénéficier du tiers payant.
Mais, la Cour des Comptes nuance le niveau des économies chiffrées. Car, souligne-t-elle, « le développement des génériques s’est inscrit dans une politique conventionnelle plus large entre les pouvoirs publics et les laboratoires pharmaceutiques, qui s’est accompagnée notamment (…) d’un renchérissement du prix des médicaments protégés par des brevets, ce qui a conduit à un accroissement des dépenses de médicaments ».
Autre charge qui, selon la Cour des Comptes, « ampute considérablement les économies liées au développement des génériques » : le système qui fait du pharmacien l’acteur principal de la distribution. Avec, en cumulant les incitations financières octroyées aux officines, un résultat 2013 qui octroie, pour deux euros d’économies potentielles, un euro aux pharmaciens.
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