L’efficacité du traitement du syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS) — pression positive continue (PPC) ou orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) — n’est plus à démontrer. Pour autant, en cas de risque cardiovasculaire avéré, les analogues du récepteur au GLP1 (arGLP1), à la fois cardioprotecteurs et amaigrissants, auraient aussi une place. Ce d’autant que « la perte de poids est directement corrélée à l’amélioration de l’index d’apnées-hypopnées, indique le pneumologue Maxime Patout (Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP). Concrètement, pour chaque perte de deux kilos, l’index d’apnée-hypopnée (IAH) est réduit d’un événement par heure. La corrélation est linéaire et sans ambiguïté. »
Deux vastes études contrôlées randomisées récentes ont révélé que le traitement par arGLP1 permettait d’améliorer l’IAH, en lien avec la perte de poids. Celle publiée en 2023, randomisée entre tirzépatide ou placebo (1), confirme l’effet de cette molécule sur le syndrome d’apnées du sommeil sévère (> 50 événements par heure) : l’IAH a diminué en moyenne de 27 événements/h sous tirzépatide. L’effet est, là encore, strictement corrélé à la perte de poids. Le médicament ne permet pas, pour autant, de se passer de la PPC. « Contrairement à la PPC, dont l’efficacité approche les 99,9 % quand elle est utilisée, le patient sous arGLP1 n’est considéré comme bien traité que dans 50 % des cas dans cette étude », signale le Dr Patout. Autrement dit, dans un cas sur deux, le traitement par arGLP1 ne suffira pas à corriger l’apnée du sommeil et un traitement complémentaire par PPC devra être instauré.
Avantage aux arGLP1 en revanche, concernant la mortalité cardiovasculaire : alors que, pour la PPC plusieurs études ont échoué à démontrer un bénéfice fort sur le risque cardiovasculaire, les arGLP1 ont accumulé les preuves de leur intérêt chez les patients à haut risque. « Le bénéfice est nettement supérieur à celui obtenu par la PPC », insiste le pneumologue, s’appuyant entre autres sur une étude avec le sémaglutide parue en 2023 (2) ou sur sa forme orale dévoilée fin mars 2025 (3).
Priorité à la somnolence ou au poids
Face à un patient adressé pour une première consultation et présentant un IAH de 30 par heure, outre la mise en place des mesures hygiénodiététiques, la stratégie doit s’adapter selon la symptomatologie et le risque cardiovasculaire. « Si le patient est symptomatique (somnolence, épisodes de micro-endormissements au volant, antécédents de presqu’accidents), il ne faut pas attendre l’effet des arGLP1, qui peut prendre jusqu’à un an, prévient le Dr Patout. Dans ce cas, la priorité est de prescrire un traitement par PPC, lequel permettra d’obtenir rapidement un bénéfice clinique (réduction de la somnolence, amélioration de la pression artérielle, diminution de l’insulinorésistance et d’autres marqueurs cliniques pertinents). En cas d’intolérance à la PPC, l’introduction d’un arGLP1 prend tout son sens. À l’inverse, chez un patient à très haut risque cardiovasculaire mais paucisymptomatique (aucune plainte diurne, pas de nycturie, niveau d’éveil jugé satisfaisant), on peut envisager de commencer par un traitement par arGLP1, à l’efficacité certaine sur le SAOS. Une fois la perte de poids obtenue, il faudra réévaluer l’IAH, s’assurer que l’hypoxémie nocturne a été corrigée et que des symptômes ne sont pas apparus entre-temps. Si le syndrome des apnées du sommeil persiste, la question d’un traitement par PPC ou orthèse devra alors être reposée. »
(1) Malhotra A et al. Contemp Clin Trials. 2024 Jun:141:107516
(2) Lincoff AM, N Engl J Med. 2023;389(24):2221-32
(3) McGuire DK et al. N Engl J Med. 2025 Mar 29
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