Les autorités sanitaires surveillent comme le lait sur le feu la montée des cas d’arboviroses dans l’Hexagone, alors que les épidémies de chikungunya et de dengue se poursuivent outre-mer et que le moustique vecteur Aedes albopictus est présent dans 81 des 96 départements métropolitains. En mai déjà, le nombre de cas importés de chikungunya, la plupart provenant de La Réunion, atteignait « un niveau sans précédent depuis le début de l’année », s’inquiétait la Direction générale de la santé (DGS).
« En ce début de saison propice à la prolifération des moustiques vecteurs, il est essentiel d’identifier précocement tous les cas afin de réduire le risque de transmission virale sur le territoire métropolitain », indiquait le ministère dans son DGS-Urgent du 21 mai. Au 1er juillet, ont été identifiés sept épisodes de transmission autochtone du virus (avec 14 cas), dont un dans le Grand Est pour la première fois. En deux mois, depuis la mise en place de la surveillance renforcée, 712 cas de chikungunya ont été signalés contre 950 en cinq mois depuis le début de l’année (du 1er janvier au 20 mai), rapporte Santé publique France. En parallèle, aux Antilles, l’épidémie de dengue a entraîné plus de 1 275 cas importés de janvier au 20 mai (496 cas entre le 1er mai et le 1er juillet) ; un seul cas importé de Zika a été signalé depuis mai.
Rechercher les trois arboviroses
La DGS demande aux médecins d’évoquer les diagnostics de chikungunya et de dengue devant « tout syndrome fébrile et algique, en particulier associé à un antécédent de séjour (date de retour inférieure à quinze jours) en zone de circulation du virus ou de la notion d’un cas dans l’entourage ». Devant ce tableau clinique, le patient doit être incité à consulter au plus vite. Le médecin pourra prescrire les examens biologiques (prélèvement sanguin) selon la date de début des signes (RT-PCR jusqu’à cinq jours, RT-PCR + sérologies entre J5 et J7, sérologies après J7), sachant que les prélèvements précoces sont à privilégier. « La prescription doit cibler les virus de la dengue, du chikungunya et du Zika », est-il spécifié.
La DGS insiste sur le fait que le signalement est obligatoire sur formulaire Cerfa. « Il doit être réalisé au plus tôt pour permettre à l’agence régionale de santé de mettre en œuvre les investigations et les mesures de lutte antivectorielle adaptées », précise-t-elle. Chacun doit prêter attention aux gîtes larvaires de moustiques (eau stagnante, par exemple des pots de fleurs et soucoupes), y compris les professionnels de santé pour leurs locaux. « On sera amené à préciser les mesures si nous étions face à une épidémie significative de chikungunya (en métropole), mais pour l'instant nous sommes dans la lutte antivectorielle contre les moustiques », a exposé Yannick Neuder mi-juin lors de la présentation de la stratégie de préparation du système de santé pour l’été.
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